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NOUVEAU Planification de la réadaptation post-AVC pour la prestation de soins optimaux

2. Unité de réadaptation post-AVC


Remarque

Les recommandations suivantes s’appliquent dans tous les milieux de soins de réadaptation (soins de courte durée, réadaptation en milieu hospitalier, service de consultation externe, services et programmes communautaires, et établissements de soins de longue durée et de soins continus complexes).

Recommandations et/ou facteurs cliniques
2.1 Équipe de réadaptation post-AVC
  1. Les soins de réadaptation post-AVC doivent être offerts par une équipe interdisciplinaire de professionnels de la santé avec l’expertise et la formation en la matière, quel que soit l’endroit où ces services sont offerts, afin d’en garantir l’uniformité, de promouvoir le rétablissement optimal et de réduire le risque de complications [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]. 
  2. L’équipe interdisciplinaire de réadaptation doit évaluer les personnes ayant subi un AVC dans les 48 heures suivant leur admission et, de concert avec la personne et sa famille, établir et documenter un plan de réadaptation personnalisé exhaustif qui tient compte de la gravité de l’AVC, des besoins et objectifs de la personne, des meilleures données probantes établies par la recherche et du jugement clinique [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
  3. Les équipes de l’unité de prise en charge de l’AVC doivent tenir au moins une réunion interdisciplinaire officielle par semaine pour cerner les problèmes de réadaptation continus ou émergents, fixer des objectifs, surveiller les progrès et planifier la sortie de l’unité des personnes ayant subi un AVC [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]. 
  4. Les plans de réadaptation personnalisés doivent être régulièrement mis à jour en fonction de l’évolution de l’état de santé et du rétablissement post-AVC [recommandation forte; faible qualité des données probantes]. 
  5. Les cliniciennes et cliniciens doivent étayer le traitement et la planification des soins par des outils d’évaluation normalisés et validés, le cas échéant [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
  6. Les renseignements transmis verbalement et par écrit doivent être adaptés aux capacités cognitives, sensorielles et de communication de la personne [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]. Consulter les sections « Transfert des connaissances » et « Ressources pour la mise en œuvre », et le site Info AVC pour obtenir de plus amples renseignements sur les outils de dépistage et d’évaluation pour la réadaptation post-AVC.
2.2 Unité de réadaptation post-AVC
  1. Toutes les personnes qui ont besoin de soins de réadaptation post-AVC doivent être soignées dans une unité spécialisée en la matière [recommandation forte; qualité élevée des données probantes], qui présente les caractéristiques suivantes :
    1. Les soins de réadaptation sont dûment coordonnés et organisés [recommandation forte; qualité élevée des données probantes]. 
    2. L’unité de réadaptation est située géographiquement dans un lieu bien défini [recommandation forte; qualité élevée des données probantes]. 
    3. L’unité de réadaptation se compose d’une équipe interdisciplinaire avec une expertise ou une formation de base en réadaptation post-AVC, notamment des médecins (p. ex. physiatres, neurologues ou autres médecins ayant la formation nécessaire), des membres du personnel infirmier, des physiothérapeutes, des ergothérapeutes, des orthophonistes, des travailleuses sociales et travailleurs sociaux et des diététistes [recommandation forte; qualité élevée des données probantes]. La personne ayant subi un AVC, sa famille et ses aidantes et aidants doivent aussi faire partie de l’équipe centrale [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
    4. Des membres d’autres domaines peuvent aussi s’ajouter à l’équipe interdisciplinaire (pharmacie, coordination de cas des services de l’AVC, neuropsychologie, psychologie, récréothérapie, conseil en réadaptation professionnelle, kinésiologie, assistance en réadaptation, musicothérapie, art-thérapie); des spécialistes des soins palliatifs, des soins spirituels, de la vision et de la santé sexuelle; de même que des pairs qui offrent du soutien, des responsables de groupes de soutien au rétablissement post-AVC ou d’autres fournisseurs de services de consultation, en fonction des besoins individuels [recommandation forte; faible qualité des données probantes]. 
    5. Les personnes ayant subi un AVC, leur famille et leurs aidantes et aidants doivent participer activement dès le début du processus de réadaptation [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]. 
    6. La planification des transitions et du congé doit s’amorcer dès l’admission à l’unité [recommandation forte; faible qualité de données probantes]. Consulter la section 7 pour obtenir de plus amples renseignements sur la planification des soins.
    7. L’éducation d’une personne ayant subi un AVC, de sa famille et de ses aidantes et aidants fait partie intégrante des soins de réadaptation post-AVC et doit s’inscrire dans toutes les discussions sur la réadaptation [recommandation forte; qualité élevée des données probantes]. Consulter la section 5 du module sur les systèmes de soins de l’AVC des Recommandations canadiennes pour les pratiques optimales de soins de l’AVC pour obtenir de plus amples renseignements sur l’éducation post-AVC.
    8. L’ensemble des membres de l’équipe doivent avoir suivi une formation leur permettant d’interagir avec des personnes qui éprouvent des difficultés à communiquer (p. ex. de l’aphasie) et d’utiliser des techniques de soutien à la conversation [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]. Consulter la deuxième partie de la section 7, Langue et communication, pour obtenir de plus amples renseignements.
  2. Les personnes ayant subi un AVC modéré ou grave qui sont prêtes à entreprendre un programme de réadaptation après s’être fixé des objectifs atteignables doivent avoir la possibilité d’y prendre part en milieu hospitalier [recommandation forte; qualité élevée des données probantes]. 
  3. Lorsque l’hospitalisation d’une personne ayant subi un AVC dans une unité de réadaptation spécialisée en soins post-AVC est impossible, la meilleure solution est alors une unité générale de soins de réadaptation qui offre des soins interdisciplinaires à des personnes atteintes de divers troubles, dont l’AVC [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
    1. Les personnes ayant subi un AVC qui sont soignées dans une unité générale de soins de réadaptation doivent recevoir des soins d’intensité et de principes équivalents à ceux prodigués en unité de réadaptation spécialisée en soins post-AVC, comme décrit dans la section 3 [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].

Considérations cliniques de la section 2.2

  1. Compte tenu de la forte prévalence de troubles concomitants et de besoins médicaux complexes chez les personnes ayant subi un AVC, on devrait intégrer à l’équipe des professionnels de la santé aptes à prendre en charge les besoins médicaux des personnes qui suivent un programme de réadaptation post-AVC. 
Justification +-

Il existe un ensemble de données probantes rigoureuses indiquant que les personnes ayant subi un AVC qui présentent une incapacité ou un handicap résiduels obtiendront de meilleurs résultats si elles sont admises dans une unité ou un établissement spécialisé en réadaptation post-AVC dès qu’elles y sont prêtes. Selon les données de sa dernière mise à jour (comparant les soins en unité de prise en charge de l’AVC à d’autres soins moins organisés), la Stroke Unit Trialists’ Collaboration17 estime que pour 100 personnes traitées dans une unité de prise en charge de l’AVC, 2 personnes de plus survivront, 6 personnes de plus retourneront vivre à domicile et 6 personnes de plus retrouveront leur autonomie dans les activités quotidiennes après 12 mois. Les principaux éléments d’une unité de réadaptation post-AVC comprennent un lieu ou des lits bien définis, dotés d’une équipe interdisciplinaire dont la pratique se consacre principalement aux personnes qui se remettent d’un AVC. 

Les personnes ayant subi un AVC ont insisté sur l’importance d’avoir accès à une unité de réadaptation spécialisée en soins post-AVC dotée d’une équipe de réadaptation experte et formée en la matière. Lorsque l’hospitalisation dans une telle unité est impossible, elles étaient convaincues que les personnes ayant subi un AVC devraient tout de même avoir accès à des soins de réadaptation et de rétablissement post-AVC équivalents à ceux d’une unité spécialisée. Elles ont aussi mentionné l’importance d’une équipe interdisciplinaire, ainsi que d’une bonne communication et collaboration entre les membres de l’équipe soignante pour assurer des soins coordonnés et harmonieux. Enfin, elles ont insisté sur l’importance de fournir des renseignements clairs, notamment quant au rôle de chaque membre de l’équipe soignante et à la personne à qui s’adresser en cas de questions, de même que de la confidentialité et de la sensibilité des renseignements.

Exigences pour le système +-

Pour que les personnes ayant subi un AVC puissent être évaluées, prises en charge et traitées rapidement en vue de la réadaptation post-AVC, les équipes interdisciplinaires doivent avoir accès à la formation, à l’infrastructure et aux ressources nécessaires. Les exigences peuvent comprendre les éléments ci-dessous, qui sont établis à l’échelle des systèmes :

  1. Accès en temps opportun à des services de réadaptation post-AVC spécialisés en milieu hospitalier.
  2. Nombre adéquat d’unités consacrées à la réadaptation post-AVC situés géographiquement dans un milieu bien défini et disposant du personnel nécessaire ayant reçu une formation spécialisée en soins interdisciplinaires de la réadaptation post-AVC.
  3. Ressources suffisantes pour permettre aux personnes ayant subi un AVC d’accéder aux types et à l’intensité de soins de réadaptation appropriés pendant leur séjour, y compris la fin de semaine.
  4. Mise en place d’un processus d’orientation pour permettre à la personne ayant subi un AVC, à sa famille et à ses aidantes et aidants de communiquer avec les services de soutien appropriés, tels que le bureau de la santé des Autochtones local, le cas échéant.
  5. Élaboration de protocoles et de stratégies visant à prévenir les complications et les récidives de l’AVC, suivie de leur diffusion à tout le personnel.
  6. Mise en œuvre de changements dans les systèmes et les processus visant à garantir un rapport thérapeute-personne ayant subi un AVC efficace et à permettre aux thérapeutes de consacrer environ 80 % de leur temps à la prestation de soins à ces personnes. 
  7. Mise en place de processus visant à suivre, à réviser et à mettre à jour les objectifs de réadaptation et l’amorçage de la planification du congé pour en assurer la flexibilité et l’adaptabilité.
  8. Exigence, pour l’équipe interdisciplinaire de réadaptation ainsi que les responsables et les planificatrices et planificateurs des systèmes de santé, de suivre les pratiques optimales fondées sur des données probantes, telles que définies par les lignes directrices consensuelles actuelles pour la pratique clinique.
Indicateurs de rendement +-

Indicateurs du système

  1. [Accès] Proportion de personnes ayant subi un AVC en phase aiguë qui sont transférées d’une unité de soins de courte durée à une unité de réadaptation en milieu hospitalier (conformément aux normes d’Agrément Canada).
  2. Proportion de personnes qui séjournent dans une unité de réadaptation post-AVC en milieu hospitalier dans le cadre de leurs soins après un AVC au sein d’une région où sont offerts des services de prise en charge de l’AVC.
  3. Intervalle médian entre l’orientation vers un service de réadaptation post-AVC et l’admission dans un service de réadaptation en milieu hospitalier.
  4. Proportion de personnes ayant subi un AVC qui obtiennent leur congé des soins de courte durée sans être orientées vers un service de réadaptation post-AVC.
  5. Nombre ou proportion de personnes ayant subi un AVC admises dans une unité de prise en charge de l’AVC (soit une unité où les soins de courte durée et de réadaptation sont combinés, soit une unité de réadaptation post-AVC en milieu hospitalier) au cours de leur hospitalisation aux soins de courte durée ou de réadaptation.

Indicateurs de processus

  1. Nombre de personnes ayant subi un AVC qui ont subi une évaluation pour chacun des domaines suivants lors de la réadaptation en milieu hospitalier : physiatrie, physiothérapie, ergothérapie, orthophonie, diététique, psychologie et travail social.
  2. Proportion de personnes ayant subi un AVC réadmises dans une unité de soins de courte durée pour des causes liées à l’AVC, pendant la réadaptation en milieu hospitalier. 
  3. Proportion du temps passé dans une unité de réadaptation post-AVC pendant la réadaptation en milieu hospitalier.
  4. Fréquence et durée des traitements offerts par des spécialistes en réadaptation pendant la période de réadaptation post-AVC en milieu hospitalier.
  5. Nombre médian de jours passés dans une unité de réadaptation en milieu hospitalier, par type d’AVC.
  6. Durée médiane de la réadaptation active et durée totale du séjour dans une unité de réadaptation post-AVC en milieu hospitalier (conformément aux normes d’Agrément Canada).
  7. Destination des personnes ayant subi un AVC lorsqu’elles ont terminé la réadaptation en milieu hospitalier : 
    1. proportion de personnes ayant subi un AVC qui retournent à leur lieu de résidence avant l’AVC (y compris un établissement de soins de longue durée);
    2. proportion de personnes ayant subi un AVC qui sont orientées vers un établissement de soins de longue durée ou un centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD); 
    3. proportion de personnes ayant subi un AVC qui sont réadmises dans une unité de soins de courte durée pour des causes liées, ou non, à l’AVC; 
    4. proportion de personnes ayant subi un AVC qui réintègrent leur milieu de vie dans la communauté (à l’exception de celles résidant dans un établissement de soins de longue durée avant l’AVC). 

Indicateurs axés sur la personne

  1. Changement de l’état fonctionnel des personnes ayant subi un AVC, mesuré à l’aide d’un outil normalisé, à partir de l’admission dans une unité de réadaptation post-AVC en milieu hospitalier jusqu’à la sortie.
  2. Qualité de vie selon une auto-évaluation effectuée 6 mois et 1 an après l’AVC au moyen d’un outil de mesure validé (International Consortium for Health Outcomes Measurement [ICHOM]).
  3. Survenue d’un autre AVC dans les 90 jours suivant le congé après une admission à l’hôpital en raison d’un AVC (ICHOM).
Ressources pour la mise en œuvre et outils de transfert des connaissances +-

Les ressources et les outils ci-dessous, qui sont externes à Cœur + AVC et aux Recommandations, peuvent être utiles à la mise en œuvre des soins de l’AVC. Cependant, leur présence ne constitue pas une approbation réelle ou implicite par l’équipe des pratiques optimales de soins de l’AVC ni par Cœur + AVC. Nous vous encourageons à examiner ces ressources et ces outils d’un œil critique et à les mettre en œuvre dans votre pratique à votre discrétion.

Renseignements destinés aux prestataires de soins de santé

Ressources destinées aux personnes ayant subi un AVC, à leur famille et à leurs aidantes et aidants 

Résumé des données probantes (en anglais seulement) +-

Evidence Table and Reference List

It is now well-established that individuals with stroke who receive stroke unit care are more likely to survive, return home, and regain independence compared to individuals who receive less organized forms of care. Stroke unit care is characterized by an experienced interprofessional stroke team, including physicians, nurses, physiotherapists, occupational therapists, and speech therapists, among others, dedicated to the management of individuals with stroke, often located within a geographically defined space. Other features of stroke units include staff members who have an interest in stroke, routine team meetings, continuing education/training, and involvement of caregivers in the rehabilitation process.

In an updated 2020 Cochrane Review, the Stroke Unit Trialists’ Collaboration17 identified 29 randomized and quasi-randomized trials (n=5,902) comparing stroke unit care with alternative, less organized care (general medical wards, mixed rehabilitation ward and a mobile stroke team). In this update, a single trial with 49 participants was added since the last update in 2013. The inclusion of a network meta-analysis (NMA) is also featured in this update. Twenty-three trials incorporated rehabilitation lasting several weeks, if required; 17 of these units admitted participants acutely, and 8 after a delay of one or two weeks. Overall, compared with alternative services, stroke units were associated with significant reductions, ranging from 23% to 25%, in the odds of a poor outcome (mRS 3-6 at the end of follow-up or the need for institutional care), death, death or institutional care, and death or disability, all of which were supported by moderate quality of evidence.  At 12 months, an extra two people are estimated to survive for every 100 receiving stroke unit care, an extra 6 will be living at home, and an extra 6 will be independent in daily activities. The benefit of stroke unit care was independent of sex, age stroke type and severity. In the NMA, compared with a general ward, the odds of a poor outcome were reduced significantly with a stroke unit (Odds Ratio [OR]=0.74, 95% CI 0.62-0.89), and mixed rehab ward (OR=0.70, 95% CI 0.52-0.95), but not compared with a mobile stroke team (OR=0.88, 95% CI 0.58-1.34). For the outcome of death at the end of scheduled follow-up, only a stroke ward was associated with a significant reduction (OR=0.62, 95% CI 0.47-0.82) compared with a general ward. Given that this review has been updated several times since 1997 with largely similar conclusions and there are few new trials being published, the focus of future research may shift to the examination of specific components of care or care process whereby stroke unit care is superior to other models. 

To determine if the benefits of stroke unit care demonstrated in clinical trials can be replicated in routine clinical practice, Seenan et al.19 conducted a systematic review of 25 observational studies (n=42,236) comparing stroke unit care to non-stroke unit care. In most cases, studies compared acute stroke units with conventional care. Stroke unit care was associated with a reduction in the risk of death (OR=0.79, 95% CI 0.73 to 0.86, p<0.001) and of death or poor outcome (OR=0.87, 95% CI=0.80 to 0.95; p=0.002) within one-year of stroke. Similar findings were reported for the outcome of death at one year in a secondary analysis limited to multi-centered trials (OR=0.82, 95% CI 0.77 to 0.87, p<0.001).

Sex & Gender Considerations

In the Stroke Unit Trialists’ Collaboration (SUTC) 2020 Cochrane review,17 the benefits of receiving care on a stroke rehabilitation unit were found to be independent of sex, age stroke type and severity.

Ressources AVC