- Définitions et descriptions
- 1. Humeur et dépression
- 2. Hygiène de sommeil et fatigue post-AVC
- 3. Réadaptation cognitive pour les personnes ayant subi un AVC
- 4. Prise en charge de la santé, reprise de la conduite automobile et retour à la vie professionnelle
- 5. Participation aux activités sociales et de loisirs après un AVC
Définitions et descriptions
La réadaptation post-AVC est un processus progressif, dynamique et axé sur les objectifs qui traite les déficiences, les limitations d’activité et les restrictions de participation liées à l’AVC afin d’optimiser les niveaux fonctionnels physiques, cognitifs, émotionnels, communicatifs et sociaux des personnes ayant subi un AVC. Au stade chronique de l’AVC, la réadaptation peut aussi être axée sur le maintien des capacités fonctionnelles actuelles et la prévention ou le ralentissement de la dégradation fonctionnelle et des problèmes de santé secondaires (comme la dépression).
La réadaptation ne constitue PAS un milieu de soins, mais plutôt un ensemble d’activités qui s’enclenchent rapidement après l’AVC initial, dès que l’état de santé de la personne est stable et que celle-ci peut participer et déterminer ses buts en matière de réadaptation, de rétablissement et de participation.
Elle se déroule dans tout le continuum des soins de l’AVC et dans divers milieux formels et informels, comme les unités de soins de courte durée ou pour affections subaiguës; les unités de réadaptation générale ou mixte; les unités de soins palliatifs; les milieux ambulatoires ou communautaires, comme les cliniques externes ou de jour; les services à domicile (y compris les services de congé précoce assisté et les services de soins à long terme); les centres de loisirs; et les équipes communautaires. La réadaptation tient compte des objectifs de soins de la personne, y compris l’intégration des principes des soins palliatifs appropriés dans le cadre du continuum de soins.
La réadaptation palliative fait partie intégrante de ce continuum en se concentrant sur l’amélioration de la qualité de vie et en contribuant à prendre en charge les symptômes, à maintenir les capacités fonctionnelles et à soutenir l’autonomie (voir la section 9 sur les soins palliatifs du module sur les systèmes de soins de l’AVC des Recommandations).
Les systèmes de soins de l’AVC sont un système complet, diversifié et longitudinal qui aborde tous les aspects des soins de l’AVC dans le cadre d’une approche intégrée, organisée et coordonnée. Un système de soins de l’AVC couvre le continuum des soins, de la prévention primaire à la fin de vie. Un système de soins de l’AVC garantit l’accès à des traitements fondés sur des données probantes qui optimisent la survie et le rétablissement des personnes.
Les systèmes de soins de l’AVC intégrés tiennent compte de tous les aspects de la planification et de la prestation des soins, tels que l’accès, l’évaluation, le traitement, les considérations cliniques, les données, les résultats, l’étalonnage, les lignes directrices, la planification, l’organisation des services, le financement et l’éducation.
La spasticité se manifeste par une augmentation de la résistance à l’étirement musculaire imposé par une force extérieure en fonction de la vitesse du mouvement et de la longueur du muscle. Elle est causée par l’hyperexcitabilité des voies excitatrices descendantes du tronc cérébral et l’exagération des réflexes d’étirement qui en découle. D’autres déficiences motrices connexes, notamment des synergies anormales, une activation musculaire inappropriée et une coactivation musculaire anormale, coexistent avec la spasticité et ont des origines physiopathologiques similaires6.
Dépression après un AVC : La prévalence de la dépression après un AVC est nettement plus élevée et a été signalée chez 24 % des personnes. Dans le cadre de ce module, nous examinons la dépression après un AVC. La catégorie du Manuel diagnostique et statistiques des troubles mentaux, 5e édition (DSM-5) qui s’applique est « trouble dépressif dû à une autre affection médicale », comme un AVC, « avec caractéristiques dépressives », « avec épisode évoquant un épisode dépressif caractérisé » ou « avec caractéristiques mixtes ». Elle est souvent associée à un infarctus des gros vaisseaux7.
- Une personne candidate à ce diagnostic présente une humeur dépressive ou une perte d’intérêt ou de plaisir, ainsi que quatre autres symptômes de dépression (p. ex. perte de poids, insomnie, agitation psychomotrice, fatigue, sentiment d’être inutile, diminution de la concentration et idées suicidaires) pendant deux semaines ou plus.
- Plusieurs mécanismes, notamment des facteurs biologiques, comportementaux et sociaux, interviennent dans sa pathogenèse.
- Les symptômes se manifestent habituellement dans les trois premiers mois suivant l’AVC (dépression précoce après un AVC); cependant, ils peuvent aussi se manifester plus tard (dépression tardive après un AVC). Les symptômes ressemblent à ceux d’une dépression due à d’autres causes, bien qu’il existe quelques différences. Les personnes ayant subi un AVC et atteintes de dépression présentent davantage de troubles du sommeil, de symptômes végétatifs et de retrait social.
La dépression vasculaire est un concept qui englobe un éventail plus large de troubles dépressifs. La dépression vasculaire est liée à une ischémie des petits vaisseaux et les personnes atteintes de dépression vasculaire peuvent présenter une maladie de la substance blanche visible à l’imagerie cérébrale. La dépression post-AVC est une sous-catégorie de la dépression vasculaire. Les personnes ayant subi un AVC et atteintes de dépression vasculaire ont un âge plus avancé au moment de l’apparition, présentent des déficits cognitifs plus importants, ont moins d’antécédents familiaux et personnels de dépression et des déficiences physiques plus importantes que les personnes âgées atteintes de dépression non vasculaire. On a constaté qu’elles réagissaient différemment au traitement et que leur pronostic était différent. En outre, les personnes atteintes de dépression vasculaire avec dysfonctionnement exécutif ou les personnes qui affichent une progression lente des hypersignaux de la substance blanche au fil du temps obtiennent une réponse faible au traitement par antidépresseurs et présentent une évolution clinique plus chronique et ponctuée de récidives8.
L’apathie est le plus souvent définie comme un syndrome multidimensionnel de diminution des comportements axés sur des objectifs, de l’émotion et des capacités cognitives9, 10. Les personnes présentent une perte de motivation, de préoccupation, d’intérêt et de réponse émotionnelle, qui entraîne une perte d’initiative, une diminution des interactions avec leur environnement et un intérêt réduit pour la vie sociale. Cela peut avoir des répercussions négatives sur le rétablissement post-AVC. L’apathie peut se présenter comme un syndrome indépendant, bien qu’elle puisse également survenir comme un symptôme de dépression ou de démence11, 12. Des cas d’apathie ont été signalés chez 29 % à 40 % des personnes ayant subi un AVC13.
L’anxiété après un AVC est caractérisée par un sentiment de tension, une appréhension ou une inquiétude extrême, et des manifestations physiques comme une pression artérielle plus élevée. Les troubles anxieux se manifestent lorsque les symptômes deviennent excessifs ou chroniques. Dans la littérature sur les affections post-AVC, l’anxiété a été définie en tenant compte à la fois de la présence et de la gravité des symptômes à l’aide d’échelles de dépistage et d’évaluation validées (comme l’échelle d’anxiété et de dépression en milieu hospitalier [ÉHAD]) ou en définissant les syndromes à l’aide de critères diagnostiques (p. ex. trouble panique, trouble d’anxiété généralisée et phobie sociale).
Le syndrome pseudobulbaire après un AVC est caractérisé par une labilité émotionnelle (pleurs ou rires incontrôlés ou exagérés). L’expression émotionnelle est généralement brève, allant de quelques secondes à quelques minutes, plutôt que quelques heures. Ces réactions émotionnelles sont incongrues par rapport à l’humeur sous-jacente et sont causées par l’affection neurologique ou l’AVC, plutôt que par la dépression. Cependant, le syndrome pseudobulbaire peut également survenir avec une dépression concomitante14.
L’observation vigilante est définie comme une période durant laquelle la personne ayant subi un AVC qui présente des symptômes dépressifs légers est surveillée de près, sans intervention thérapeutique supplémentaire, afin de déterminer si les symptômes dépressifs légers vont s’améliorer. La durée de l’observation vigilante varie dans la littérature, mais se situe généralement entre deux et quatre semaines.
L’hygiène de sommeil est un cycle de sommeil-éveil multidimensionnel, adapté aux exigences individuelles, sociales et environnementales, qui favorise le bien-être physique et mental. Une bonne hygiène de sommeil est caractérisée par une satisfaction subjective, un horaire approprié, une durée adéquate, une efficacité élevée et une vigilance soutenue pendant les heures d’éveil15.
La fatigue post-AVC est une expérience multidimensionnelle motrice, perceptuelle, émotionnelle et cognitive, caractérisée par une sensation d’épuisement précoce accompagnée de lassitude, d’un manque d’énergie et d’une aversion pour l’effort, qui se développe au cours d’une activité physique ou mentale et qui ne s’améliore généralement pas avec le repos. La fatigue peut être qualifiée d’objective ou de subjective. La fatigue objective est définie comme une diminution observable et mesurable du rendement, survenant avec la répétition d’une tâche physique ou mentale, tandis que la fatigue subjective est un sentiment d’épuisement précoce, de lassitude et d’aversion à l’effort16-19.
Les caractéristiques de la fatigue post-AVC peuvent comprendre une fatigue accablante et un manque d’énergie pour accomplir les activités de la vie quotidienne; un besoin anormal de siestes, de repos ou de sommeil prolongé; une plus grande facilité à se fatiguer lors des activités de la vie quotidienne qu’avant l’AVC; des sensations de fatigue imprévisibles et sans raison apparente. La fatigue post-AVC peut survenir à différentes phases du rétablissement, à la fois lors de la phase précoce et à plus long terme.
Voir la première partie du module sur la réadaptation, le rétablissement et la participation communautaire après un AVC des Recommandations portant sur la planification de la réadaptation post-AVC pour la prestation de soins optimaux pour d’autres définitions et descriptions.
Considérations relatives à la réadaptation après un AVC
Le dépistage est un processus d’évaluation de la présence éventuelle d’un problème particulier. Le dépistage est une action ou une investigation délibérée visant l’identification précoce des personnes à risque de développer une affection, un trouble ou un problème particulier. Le dépistage peut révéler l’existence possible d’un problème. Les résultats d’un dépistage peuvent indiquer la nécessité d’une évaluation plus exhaustive. Le dépistage est généralement bref et sert à cerner d’éventuelles préoccupations, et non à poser un diagnostic. Les prestataires de soins de santé peuvent utiliser des mesures de dépistage préliminaires pour faciliter la prise de décision clinique.
L’évaluation est un processus qui permet de définir et de mesurer la nature du problème de santé lié à l’AVC, d’orienter l’établissement d’un diagnostic, d’établir un pronostic et de contribuer à l’élaboration de recommandations de traitement particulières liées au problème ou au diagnostic. L’évaluation peut aussi comprendre le suivi de la réponse à l’intervention thérapeutique. L’objectif de l’évaluation consiste à recueillir des renseignements plus précis et plus détaillés afin d’acquérir une compréhension globale d’un problème potentiel. L’évaluation inclut d’autres renseignements qui permettent d’inscrire les résultats dans un contexte plus vaste.
Remarque : Le dépistage et l’évaluation des personnes ayant subi un AVC doivent tenir compte de multiples facteurs. Idéalement, il faut confirmer que les outils de dépistage et d’évaluation conviennent à une utilisation précise et à la population cible afin de permettre l’interprétation des résultats la plus juste possible.
Milieux : Les milieux des soins de réadaptation post-AVC désignent les lieux physiques où les soins et les services de réadaptation sont offerts et reçus par les personnes ayant subi un AVC, leur famille et leurs aidantes et aidants. Les évaluations et les interventions en matière de réadaptation, composantes clés des soins complets de l’AVC, sont offertes dans divers milieux, comme des unités de soins de courte durée en milieu hospitalier ou pour affections subaiguës; des unités de réadaptation spécifique à l’AVC, de réadaptation générale ou mixte en milieu hospitalier; des services de consultation externe et des milieux ambulatoires ou communautaires, comme les cliniques externes ou de jour et les centres de loisirs; des services de soins de longue durée et de soins complexes ainsi que des services à domicile et sur le lieu de résidence de la personne (qui y reçoit des services, comme des services de congé précoce assisté, et les équipes communautaires et de réadaptation). Les soins peuvent être offerts en présentiel ou en mode virtuel.
Durée : La durée des services ou du séjour en établissement de réadaptation varie selon le type de services nécessaires, l’accessibilité de ces services ainsi que les objectifs et besoins de la personne ayant subi un AVC, de sa famille et de ses aidantes et aidants. Dans certaines régions, la disponibilité du personnel et des ressources peut influer sur la durée. L’ensemble des prestataires doivent s’efforcer de respecter les recommandations thérapeutiques fondées sur des lignes directrices.
Délai : Les besoins en matière de réadaptation post-AVC continuent souvent de se manifester pendant plusieurs mois, voire des années, après l’AVC de référence. Actuellement au pays, les systèmes de santé publics offrent des soins de réadaptation post-AVC pendant les six mois qui suivent l’apparition des symptômes de l’AVC, malgré le fait que de nombreuses personnes ayant subi un AVC auront besoin de certains de ces services après ce délai arbitraire. La réadaptation est un processus continu et les besoins et objectifs en matière de réadaptation doivent être réévalués périodiquement, et les plans mis à jour, au besoin.
Prestation de soins de réadaptation post-AVC : Les soins de réadaptation post-AVC peuvent être offerts en présentiel ou en mode virtuel, sous forme de séances individuelles ou d’activités de groupe. Les décisions quant aux modalités des traitements de réadaptation post-AVC et des interventions doivent être fondées sur les facteurs personnels de la personne ayant subi un AVC, les objectifs de la rencontre, le type de services à fournir ainsi que sur la pertinence et la faisabilité de chaque modalité.
Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)20
Déficiences : problèmes dans la fonction organique ou la structure anatomique, tels qu’un écart ou une perte importante.
Limitation d’activité : difficultés que rencontre une personne dans l’exécution d’activités.
Restrictions de participation : problèmes qu’une personne peut rencontrer dans son implication dans une situation de vie réelle.