- Définitions et descriptions
- 1. Capacités fonctionnelles des membres supérieurs – Principes généraux et traitements
- 2. Douleur à l’épaule et syndrome douloureux régional complexe (SDRC) après un AVC
- 3. Amplitude des mouvements et spasticité après un AVC
- 4. Membres inférieurs, équilibre, mobilité et exercices aérobiques
- 5. Prévention et prise en charge des chutes
- 6. Déglutition (dysphagie), alimentation et soins buccodentaires
- 7. Langage et communication
- 8. Troubles de la vision et de la perception visuelle
- 9. Douleur centralisée
- 10. Fonctions vésicale et intestinale
Recommandations et/ou facteurs cliniques
8.0 Troubles de la vision et de la perception visuelle
- Toutes les personnes ayant subi un AVC doivent subir un dépistage des troubles de la vision centrale, des troubles de la motilité oculaire, des déficits du champ visuel et des troubles de la perception visuelle, rapidement après l’AVC, dans le cadre du processus d’évaluation plus large de la réadaptation [recommandation forte; qualité Jumodérée des données probantes].
- Les personnes ayant subi un AVC chez qui l’on soupçonne des troubles de la perception visuelle (p. ex. troubles visuo-spatiaux, agnosie, troubles du schéma corporel et apraxie) doivent être évaluées à l’aide d’outils validés [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
- Les personnes ayant subi un AVC qui présentent un trouble de la vision ou de la perception visuelle, leur famille et leurs aidantes et aidants doivent recevoir de l’information sur les troubles visuo-spatiaux et les autres troubles de la perception, ainsi que des recommandations de traitement et des considérations liées à la sécurité [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
8.1 Troubles de la vision
- Les personnes dont les troubles visuels ont une incidence sur leur capacité à se repérer et à se déplacer en toute sécurité et de manière autonome, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, doivent recevoir une formation sur les techniques compensatoires, y compris le recours à un guide pour personnes aveugles, l’orientation dans l’espace et l’entraînement à la mobilité dans des espaces familiers et non familiers [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
- Les personnes ayant des difficultés à accomplir les activités de la vie quotidienne et les activités instrumentales de la vie quotidienne en raison de troubles visuels post-AVC doivent faire l’objet d’une évaluation et recevoir une formation par des spécialistes de la réadaptation visuelle appropriés, lorsque cela est possible [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
- L’intervention doit se concentrer sur l’utilisation de techniques compensatoires spécialisées (comme un balayage visuel) et sur des modifications de la tâche ou de l’environnement, comme l’augmentation de la luminosité et de l’éclairage ou du contraste [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
8.2 Troubles de la perception visuelle
- Un entraînement par balayage visuel peut être envisagé pour améliorer la négligence spatiale [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
- Une thérapie par le miroir doit être utilisée pour améliorer la négligence spatiale durant la phase précoce après l’AVC [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
- L’application d’un cache-œil sur l’hémichamp visuel non touché (du même côté que la lésion) peut être envisagée pour améliorer la lecture en présence d’une négligence spatiale et les symptômes de négligence [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
- La réalité virtuelle peut être envisagée pour améliorer la négligence spatiale [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
- L’activation des membres peut être envisagée pour améliorer la négligence spatiale [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
- L’utilisation de prismes peut être envisagée pour élargir le champ visuel et augmenter les capacités de balayage visuel. Toutefois, on ne dispose pas de données probantes quant à l’incidence sur le rendement fonctionnel [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
Voir la section 4 de la troisième partie du module sur la réadaptation, le rétablissement et la participation communautaire après un AVC, portant sur l’optimisation de l’activité et de la participation communautaire après un AVC pour obtenir des renseignements sur la reprise de la conduite automobile.
Considérations cliniques de la section 8
- Les interventions liées aux mouvements et l’entraînement à la conscience du corps peuvent être utilisés pour améliorer les symptômes de négligence spatiale et les activités de la vie quotidienne.
- La stimulation cérébrale non invasive peut être envisagée pour améliorer la négligence spatiale. Il convient de noter que ces interventions ne sont pas encore disponibles ou approuvées au Canada.
- Il faut envisager une formation sur les stratégies compensatoires afin d’améliorer le rendement fonctionnel ou le confort, comme l’application d’un cache-œil unilatéral et transparent pour la vision double, l’occlusion binasale pour la vision spatiale, les modifications de l’environnement ou les signes de négligence spatiale.
- Pour les personnes présentant des troubles de la vision après un AVC, l’orientation vers des neuro-ophtalmologistes ou des optométristes ayant une expérience en matière de réadaptation visuelle post-AVC peut être envisagée.
Les troubles de la perception visuelle sont fréquents après un AVC, touchant en moyenne 65 % des personnes ayant subi un AVC en phase aiguë.196 Ces déficiences peuvent avoir des répercussions négatives sur la capacité d’une personne à traiter et à interpréter les informations visuelles. Elles peuvent se manifester sous la forme de problème de perception de la profondeur, de conscience spatiale et de capacité à reconnaître des objets ou des visages, ce qui peut entraver les activités de la vie quotidienne, comme la lecture, la conduite automobile et l’orientation dans les divers environnements. Par conséquent, les personnes pourraient ressentir une augmentation de la frustration et de l’anxiété, entraînant ainsi une réduction de l’autonomie et de la participation sociale. La présence d’une négligence spatiale a été associée à la gravité de l’AVC et à l’âge de la personne. Par ailleurs, les problèmes posés par les troubles de la perception visuelle ont également été associés à des durées d’hospitalisation plus longues et à un rétablissement plus lent lors de la réadaptation en milieu hospitalier.
Les troubles visuels post-AVC sont fréquents, mais il s’agit de problèmes souvent méconnus. Ils peuvent se manifester par une diminution de la vision, une dipoplie, des déficits du champ visuel, des troubles des mouvements oculaires, ainsi qu’une inattention ou une négligence visuelle ou des troubles de la perception visuelle. Plus de la moitié des personnes qui survivent à un AVC présenteront des troubles de la vision.196 Les personnes présentant des troubles visuels post-AVC font souvent face à un déclin de leur qualité de vie, une diminution de leur autonomie, une augmentation de la dépression et un plus grand risque d’isolement social.197 Des difficultés supplémentaires pour reconnaître les troubles visuels peuvent survenir quand les patientes et patients présentent des déficits neurologiques ou cognitifs, comme une inattention visuo-spatiale et des troubles de la communication, qui peuvent masquer les symptômes. On a montré qu’un dépistage uniformisé était faisable et permettait de détecter une perte de la vision après un AVC.198,199
L’apraxie des membres est plus fréquente chez les personnes dont l’hémisphère gauche est touché (de 28 % à 57 %), mais elle est aussi observée chez celles dont l’hémisphère droit est touché (de 0 % à 34 %).200 Même si l’apraxie s’améliore lorsque le rétablissement est rapide, jusqu’à 20 % des personnes ayant reçu un diagnostic initial continueront de présenter des problèmes persistants. La gravité de l’apraxie est associée à des changements dans le rendement fonctionnel.
Les personnes ayant subi un AVC ont souligné l’importance de prendre conscience que des troubles de la perception visuelle peuvent survenir après un AVC. Elles indiquent qu’il peut être difficile pour une personne ayant subi un AVC de remarquer ou de communiquer les changements visuels ou de la perception après un AVC et soulignent donc l’importance de pouvoir accéder à un dépistage, une évaluation, une prise en charge et des renseignements appropriés. Les personnes ayant subi un AVC militent également pour un meilleur accès à des services de réadaptation visuelle. Elles notent que ces changements peuvent avoir des répercussions considérables sur les activités de la vie quotidienne et la participation à la réadaptation. Par exemple, il peut être difficile pour les personnes ayant subi un AVC de participer pleinement à leur réadaptation lorsqu’elles présentent une diplopie.
Pour une évaluation et une prise en charge appropriées et en temps opportun des troubles de la perception, les organismes doivent optimiser les éléments suivants du système :
- L’inclusion d’une évaluation et d’un dépistage initiaux uniformisés des troubles de la perception visuelle (p. ex. inattention et apraxie).
- L’accès à des prestataires de soins de santé ayant l’expérience appropriée dans le domaine de l’AVC et de la perception visuelle.
- L’accès en temps opportun à des services de réadaptation post-AVC spécialisés et interdisciplinaires offrant des thérapies dont le type et l’intensité sont appropriés et à du personnel formé pour évaluer et prendre en charge les problèmes de perception visuelle.
- L’accès au matériel approprié pour faciliter le rétablissement au besoin, sans obstacle financier.
- La disponibilité des services de réadaptation de longue durée à grande échelle dans les établissements de soins de longue durée et de soins continus complexes et les programmes en consultation externe ou en milieu communautaire.
Indicateurs du système
- Disponibilité de renseignements et de ressources en milieu hospitalier et communautaire pour les personnes ayant subi un AVC qui présentent des troubles de la perception visuelle.
- Proportion de personnes présentant des troubles visuels et de la perception après un AVC en phase aiguë.
Indicateurs de processus
- Proportion de personnes ayant subi un AVC dont le dossier indique qu’un dépistage initial des troubles de la perception visuelle a été effectué dans le cadre de l’évaluation initiale des besoins en matière de réadaptation.
- Proportion de personnes ayant subi un AVC et ayant obtenu de mauvais résultats au dépistage initial qui ont ensuite été évalués de façon approfondie par des professionnels de la santé ayant reçu une formation appropriée.
Indicateurs axés sur la personne
- Changements en ce qui a trait à la qualité de vie des personnes ayant subi un AVC et présentant des troubles de la perception visuelle, mesurés à intervalles réguliers pendant le rétablissement et la participation, puis réévalués lorsque des changements dans l’état de santé ou d’autres événements de la vie surviennent (p. ex. 60, 90 et 180 jours après un AVC).
Les ressources et les outils ci-dessous, qui sont externes à Cœur + AVC et aux Recommandations, peuvent être utiles à la mise en œuvre des soins de l’AVC. Cependant, leur présence ne constitue pas une approbation réelle ou implicite par l’équipe des pratiques optimales de soins de l’AVC ni par Cœur + AVC. Nous vous encourageons à examiner ces ressources et ces outils d’un œil critique et à les mettre en œuvre dans votre pratique à votre discrétion.
Renseignements destinés aux prestataires de soins de santé
- Recommandations canadiennes pour les pratiques optimales de soins de l’AVC : Module Réadaptation, rétablissement et participation communautaire après un AVC – Première partie : Planification de la réadaptation post-AVC pour la prestation de soins optimaux; et Troisième partie : Optimisation de l’activité et de la participation communautaire après un AVC, mise à jour de 2025
- Cœur + AVC. Agir pour des soins de l’AVC optimaux communautaires et de longue durée : une ressource pour les prestataires de soins de santé
- Info AVC. Comb and Razor Test (test du peigne et du rasoir)
- Info AVC. Behavioral Inattention Test (test d’évaluation de la négligence visuelle)
- Info AVC. Line Bisection Test (test du fractionnement de la ligne)
- GL Assessment. Perceptual Assessment Battery (en anglais seulement)
- Info AVC. Évaluation perceptuelle de l’Ontario Society of Occupational Therapists (EP-OSOT)
- Info AVC. Motor-Free Visual Perceptual Test (évaluation de la perception indépendamment des capacités motrices)
- Shirley Ryan AbilityLab. Apraxia Screen of TULIA (en anglais seulement)
- Info AVC. Visual Impairment Screening Assessment (VISA) (évaluation et dépistage des troubles visuels)
- Info AVC
Ressources destinées aux personnes ayant subi un AVC, à leur famille et à leurs aidantes et aidants
- Cœur + AVC. Signes de l’AVC
- Cœur + AVC. Existe-t-il d’autres signes de l’AVC que VITE?
- Cœur + AVC. Votre cheminement après un AVC
- Cœur + AVC. Liste de vérification après un AVC
- Cœur + AVC. Infographie sur la réadaptation et le rétablissement
- Cœur + AVC. Infographie sur les transitions et la participation communautaire
- Cœur + AVC. Aide à l’autogestion après un AVC : liste de vérification pour les patients, les familles et les aidants
- Cœur + AVC. Aide-mémoire pour les soins de santé virtuels
- Cœur + AVC. Rétablissement et soutien
- Cœur + AVC. Soutien en ligne et soutien par les pairs
- Cœur + AVC. Répertoire des services et ressources
- CanStroke Essais post-AVC. Outils et ressources
- Cœur + AVC. Changements de perceptions
- Info AVC
Evidence Table and Reference List 8
Visual perceptual disorders are common following stroke, affecting an average of 65% of patients in the acute stage of stroke. The most common type of visual perception disorder following stroke is visual neglect or inattention, affecting 14% to 82% of patients. Visual field loss is also common, affecting 5.5% to 57% of patients. 201
In a Cochrane review examining a wide-range of interventions for all forms of impaired perception following stroke (hearing, smell, somatosensation, touch, taste and/or vision post stroke), Hazelton et al. 202 included 18 RCTs (541 participants). Among the 7 RCTs specifically examining 12 rehabilitation interventions for visual perception disorders, interventions assessed included repeated figure drawing, computer-based games, and therapist-led functional activities. In 2 trials, a single 90-minute session was provided. In the remaining trials, sessions lasted 30 minutes and were provided 3-5 days/week for 4-6 weeks. Overall, rehabilitation interventions were not associated with significantly higher extended activities of daily living (EADL) scores compared with a control condition (Rivermead ADL: MD=0.94, 95% CI -1.60 to 3.48; 1 trial, n=33), nor were perception scores higher (Motor-Free Visual Perception Test: MD= -1.75, 95% CI -5.39 to 1.89; 1 trial, n=27). The certainty of the evidence associated with both outcomes was very low.
In a Cochrane review, specifically examining interventions to improve spatial neglect post stroke, Longley et al. 203 included 65 RCTs (1,951 participants). A wide range of interventions were examined including visual interventions (e.g., visual scanning training, half-field eye patching), prism adaptation, body awareness interventions (e.g., limb activation, trunk rotation, mirror therapy), mental function interventions (mental imagery, virtual reality training, and general cognitive rehabilitation), movement interventions (e.g., robotic upper extremity treatment, constraint-induced movement therapy, and visuomotor feedback training), non-invasive brain stimulation (NIBS), electrical stimulation (e.g., transcutaneous electrical nerve stimulation [TENS], functional electrical stimulation [FES] and EMG-triggered electrical stimulation), and acupuncture. The primary outcome was performance of ADL. Visual interventions were not associated with significantly better ADL scores at one month post intervention compared with a control condition (SMD= -0.04, 95% CI -0.57 to 0.49; 2 trials, n=55), or immediately post intervention (SMD=-0.15, 95% CI -0.6 to 0.3; 3 trials, n=75), nor were they associated with significantly greater improvement in measures of neglect at either one month or immediately post intervention. Similarly, prism adaptation, and NIBS were not associated with significant improvement in performance in ADL or measures of neglect. Interventions that were associated with significant improvement in ADL performance and neglect were body awareness interventions, and electrical stimulation with devices, while no data were available for the primary outcome for mental function interventions, movement interventions, or acupuncture.
A Cochrane review 204 examining interventions associated with the rehabilitation of visual field deficits post-stroke to improve ADL performance, was unable to draw firm conclusions as limited data were available for pooled analysis. Among the 20 RCTs, data were available for one small trial indicating that visual restitution therapy had no effect on functional outcome, the primary outcome. Data were available from two trials of compensation (scanning), which also suggesting that therapy had no effect on extended activities of daily living. However, there was limited low-quality evidence that compensatory scanning training improved quality of life. Similarly, data from single trials of compensative interventions (prims) and assessment by an orthoptist were not associated with significant improvements in ADL performance.
A systematic review included 238 inpatients from 5 RCTs with unilateral neglect associated with a stroke sustained within the previous month. 205 Interventions were initiated during inpatient rehabilitation and examined the addition of mirror therapy to routine rehabilitation +/- other co-interventions with sham mirror therapy or no mirror therapy plus routine rehabilitation +/- other cointerventions. Mirror therapy was associated with significant improvement in standardized measures of spatial neglect (SMD=1.62, 95% CI 1.03–2.21) and ADL (SMD=2.09, 95% CI 0.63–3.56) at the end of treatment. There is limited evidence from a few small trials of the benefits of eye patching, 206,207 virtual reality, 208,209 and limb activation.210
Non-invasive brain stimulation has been used successfully in the rehabilitation of visual impairment. Kim et al. 211 randomized 27 patients admitted for inpatient rehabilitation, with visuospatial neglect to receive repetitive transcranial magnetic stimulation (rTMS). Patients were randomized to receive 10, 20-minute sessions over 2 weeks of 1) low-frequency (1Hz) rTMS over the non-lesioned posterior parietal cortex (PPC), 2) high-frequency (10Hz) rTMS over the lesioned PPC, or 3) sham stimulation. Although there were no significant differences between groups in mean changes in Motor-Free Visual Perception Test, Star Cancellation Test or Catherine Bergego Scale, there was a significant difference among groups in Line Bisection Test change scores (p=0.049). Post-hoc analysis indicated the improvement was significantly greater in the high-frequency rTMS group compared to sham-stimulation group (-36.9 vs. 8.3, p=0.03). Additionally, improvements in mean Korean-Modified Barthel Index scores in both the high and low frequency groups were significantly greater compared to those in the sham stimulation group (p<0.01 and p=0.02, respectively). Yang et al. 212 reported improvements in mean Behavioural Inattention Test (BIT)-Conventional, following treatment with rTMS, when treatment was combined with a sensory cueing device worn on the left wrist.
Sex & Gender Considerations
There is limited research specifically addressing sex differences in vision rehabilitation outcomes following stroke.