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NOUVEAU Prestation de soins de réadaptation post-AVC pour optimiser le rétablissement des capacités fonctionnelles

7. Langage et communication


Recommandations et/ou facteurs cliniques
  1. Les prestataires de soins de santé qui travaillent dans le continuum de soins doivent recevoir une formation sur l’aphasie et les autres troubles de la communication. Cette formation doit traiter notamment des conséquences de l’aphasie et des méthodes de soutien à la communication [recommandation forte; faible qualité des données probantes]. 

    Remarque : Les autres troubles de la communication possibles comprennent notamment la dysarthrie, l’apraxie verbale et d’autres troubles cognitifs de la communication. 
  2. Toutes les personnes ayant subi un AVC doivent faire l’objet d’un dépistage des troubles de la communication, idéalement par un professionnel de la santé ayant une expertise en communication, à l’aide d’un outil de dépistage validé [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
  3. Les personnes ayant subi un AVC qui présentent des troubles de la communication présumés doivent être évaluées par une ou un orthophoniste ou un autre prestataire de soins de santé, au moyen d’une évaluation uniformisée et validée, afin de déterminer les déficiences, les limitations d’activité, les restrictions de participation et les conséquences sur les relations liées aux déficits de communication, tout au long du continuum de soins de réadaptation [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
  4. Les personnes atteintes d’aphasie et présentant d’autres troubles de la communication (p. ex. apraxie verbale) doivent pouvoir avoir rapidement accès à des traitements intensifs d’orthophonie combinés avec des thérapies par la communication en fonction de leurs besoins et objectifs et de la gravité du déficit afin d’améliorer le fonctionnement [recommandation forte; qualité élevée des données probantes].
  5. Une formation sur les techniques de conversation soutenue doit être offerte aux partenaires de communication potentiels des personnes atteintes d’aphasie [recommandation forte; qualité élevée des données probantes]. 
  6. Toutes les informations destinées aux personnes atteintes d’aphasie doivent être disponibles dans des formats adaptés à l’aphasie [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
  7. Les membres de la famille de la personne atteinte d’aphasie doivent être impliqués dans tout le processus, y compris lors du dépistage et des interventions. La famille doit être renseignée et formée sur les méthodes de soutien à la communication [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
Considérations cliniques de la section 7
  1. Le traitement visant à améliorer la communication fonctionnelle peut comprendre des interventions, comme des séances d’orthophonie axées sur des approches fondées sur les déficiences, un traitement par la conversation, une formation sur l’utilisation d’appareils fonctionnels et un traitement assisté par ordinateur.
    1. La production ou la compréhension de mots, de phrases et de discours (y compris la lecture et l’écriture) est recommandée pour améliorer la communication fonctionnelle.
    2. L’utilisation de stratégies non verbales, d’appareils fonctionnels et d’outils technologiques (p. ex. iPad, tablette électronique et autres thérapies assistées par ordinateur) pour améliorer la capacité de communication.
    3. L’utilisation d’outils d’orthophonie assistée par ordinateur pour les exercices de lecture et la recherche de mots, et pour optimiser les résultats d’autres thérapies.
  2. Le traitement de l’aphasie peut comprendre une thérapie et des conversations en groupe. Il peut s’agir d’un complément utile pour augmenter l’intensité du traitement pendant l’hospitalisation de la personne ou après sa sortie dans le cadre de la poursuite de ses traitements.
  3. Les personnes atteintes d’aphasie doivent être évaluées afin de déterminer si elles pourraient tirer profit de l’utilisation d’aides de suppléance à la communication (p. ex. iPad, tablette ou autres appareils électroniques et tableau alphabétique) ou d’autres outils de soutien à la communication, idéalement qui sont pertinents sur le plan culturel.
Justification +-

L’aphasie, qui est une conséquence fréquente de l’AVC, est associée à des difficultés d’élocution, de lecture, d’écriture et de compréhension. On estime qu’entre 21 % et 38 % des personnes ayant subi un AVC sont atteintes d’aphasie.186,187 Cette affection a des répercussions importantes sur la capacité d’une personne à s’exprimer et à comprendre les autres. Les personnes atteintes d’aphasie peuvent avoir du mal à trouver les mots justes, à former des phrases cohérentes ou à suivre des conversations, ce qui peut entraîner de la frustration, un retrait social et une diminution de la qualité de vie. Les autres troubles de la communication possibles après un AVC comprennent notamment la dysarthrie, l’apraxie verbale et d’autres troubles cognitifs de la communication. Les obstacles à la communication n’affectent pas seulement les interactions personnelles, mais peuvent également entraver la participation à la réadaptation, l’accès aux services essentiels et la participation communautaire, et entraîner un risque accru de mortalité. La prise en charge intensive de l’aphasie aide à améliorer à la fois le langage et le rétablissement général.

Les personnes ayant subi un AVC ont souligné la nécessité d’un dépistage et d’une évaluation précoces des troubles du langage et de la communication après un AVC, ainsi que l’importance de l’accès à la réadaptation afin d’améliorer la communication et le langage. Les difficultés que représente l’aphasie peuvent avoir des répercussions importantes sur la personne ayant subi un AVC, les membres de sa famille et ses aidantes et aidants. Des personnes ayant subi un AVC ont indiqué que ces difficultés peuvent avoir une incidence profonde sur leur estime personnelle et leurs relations. La disponibilité et l’accessibilité à un traitement personnalisé, à des spécialistes et à une téléréadaptation qui aident à améliorer les capacités de communication et le langage, et ce, sans égard à la situation financière et géographique, ont été reconnues comme des éléments importants du rétablissement.

Exigences pour le système +-

Pour un accès approprié et en temps opportun aux services de communication spécialisés en milieu hospitalier et communautaire après un AVC, les organismes doivent optimiser les éléments suivants du système :

  1. La mise en place de processus pour accéder à des orthophonistes et d’autres professionnels appropriés, à des programmes et services de communication, ainsi qu’à un soutien approprié pour les personnes ayant subi un AVC qui présentent des troubles de la communication, dans tous les organismes et communautés et à un coût abordable. 
  2. L’accès à la technologie des soins virtuels qui doit être activement utilisée, en particulier dans les régions où l’accès à des orthophonistes en personne est limité, afin de garantir un accès équitable à des occasions de réadaptation aux personnes atteintes d’aphasie après avoir subi un AVC ou présentant d’autres troubles du langage et de la communication.
  3. L’élaboration de programmes communautaires de soutien dans des formats adaptés à l’aphasie, la mise en place de groupes de soutien par les pairs et la présentation de renseignements sur la façon d’accéder à ces programmes et à ces groupes facilement accessibles aux patientes et patients dans une unité de soins de courte durée ou de réadaptation. 
  4. La mise en place de processus visant à former l’ensemble des prestataires de soins de santé qui travailleront avec des personnes ayant subi un AVC et qui pourraient présenter des troubles du langage et de la communication.
Indicateurs de rendement +-

Indicateurs du système

  1. Proportion de membres du personnel dans chaque unité de réadaptation ayant reçu une formation sur les techniques de soutien à la communication.
  2. Accès à des services d’orthophonie et à des services spécialisés en matière d’aphasie dans chaque région.
  3. Proportion de personnes atteintes d’aphasie ou présentant d’autres troubles de la communication après un AVC en phase aiguë.

Indicateurs de processus

  1. Proportion de personnes ayant subi un AVC et fait l’objet d’un dépistage de l’aphasie à l’admission dans une unité de soins de courte durée et lors de l’examen initial dans une unité de réadaptation.
  2. Proportion de personnes ayant subi un AVC et atteintes d’aphasie qui font l’objet d’une évaluation approfondie par une ou un orthophoniste avant leur sortie d’une unité de soins de courte durée.
  3. Intervalle médian entre la sortie de l’hôpital et l’amorce de traitements de l’aphasie dans la communauté.
  4. Proportion du temps que chaque personne ayant subi un AVC et présentant des troubles de la communication passe en thérapie avec des spécialistes de la communication (orthophonistes ou autres professionnels ayant reçu une formation appropriée s’il est impossible d’avoir accès aux services d’orthophonistes).

Indicateurs axés sur la personne

  1. Changements en ce qui a trait à la qualité de vie des personnes ayant subi un AVC et atteintes d’aphasie, mesurés à intervalles réguliers pendant le rétablissement et la participation, puis réévalués lorsque des changements dans l’état de santé ou d’autres événements de la vie surviennent (p. ex. 60, 90 et 180 jours après un AVC).
Ressources pour la mise en œuvre et outils de transfert des connaissances +-

Les ressources et les outils ci-dessous, qui sont externes à Cœur + AVC et aux Recommandations, peuvent être utiles à la mise en œuvre des soins de l’AVC. Cependant, leur présence ne constitue pas une approbation réelle ou implicite par l’équipe des pratiques optimales de soins de l’AVC ni par Cœur + AVC. Nous vous encourageons à examiner ces ressources et ces outils d’un œil critique et à les mettre en œuvre dans votre pratique à votre discrétion.

Renseignements destinés aux prestataires de soins de santé

Ressources destinées aux personnes ayant subi un AVC, à leur famille et à leurs aidantes et aidants 

Résumé des données probantes (en anglais seulement) +-

Evidence Table and Reference List 7

Aphasia, an acquired communication disorder that impairs the ability to process language, speak and understand others, affects 21% to 38% of stroke survivors. 186,187 Aphasia is associated with increased length of hospital stay, inpatient complications, overall neurological disability, mortality and discharge disposition. 188 A Cochrane review189 included 57 RCTs comparing speech-language therapy (SLT) for aphasia after stroke with no SLT, social support or stimulation, or another form of SLT. In total, 74 randomized comparisons, consisting of over 3,000 participants were included in the review. Among the trials comparing SLT vs. no SLT, the interventions described were conventional SLT, (n=12), constraint-induced aphasia therapy (n=1), melodic intonation therapy (n=1), intensive SLT (n=5), group SLT (n=1), volunteer-facilitated SLT (n=2), computer-mediated SLT (n=6), and functionally based SLT involving a communicative partner (n=1). Acupuncture was a co-intervention in 3 trials. Compared with no SLT, speech language therapy was associated with a significant improvement in functional communication (SMD=0.28, 95% CI 0.06 to 0.49), compared with no SLT, along with significant improvements in reading comprehension (SMD= 0.29; 95% CI 0.03 to 0.55), general expressive language (SMD=1.28; 95% CI: 0.38 to 2.19) and written expressive language (SMD=0.41, 95% CI 0.14 to 0.67) immediately after SLT. However, the positive effects were no longer evident at 6 months. No significant differences in outcomes were found between group vs. individual SLT, computer-mediated vs. professional SLT or constraint-induced aphasia vs. other forms of SLT.

The impact SLT has on communication outcome appears to be mediated by the intensity and duration of the therapy. Brady et al. 190 included the results of 25 RCTs and examined the effects of total dose of SLT (hours), intensity (hours/week), frequency (days/week) and duration (total weeks) on communication outcomes post stroke. Mean gains in overall language ability, assessed using the Western Aphasia Battery–Aphasia Quotient, were greatest when total amount of therapy was provided for >20 to < 50 hours (18.37 points, 95% CI 10.58 to 16.16). For functional communication, assessed using the Aachen Aphasia Test-Spontaneous Speech Communication, mean gains were greatest after >14 to 20 hours of therapy (0.94 points, 95% CI 0.34 to 1.55). In terms of intensity of therapy, mean gains from baseline for overall language ability were similar when SLT was provided for up to 2 hours per week (15.85 points, 95% CI 8.06–23.64), 3 to 4 hours per week (15.80 points, 95% CI 8.85 to 22.74) and for 9 or more hours per week (15.64 points, 95% CI 9.14 to 22.13). The pattern was similar for functional communication with the greatest gains for therapy provided for up to 2 hours/week (0.77 points, 95% CI 0.36–1.19) with equivalent gains for 2 to 3 hours/week (0.76 points, 95% CI 0.34–1.18) and 3-4 hours/week (0.70 points, 95% CI 0.35–1.06). The greatest gains in overall language ability and functional communication were achieved when SLT was provided for 5 days per week (14.95 points, 95% CI 8.67–21.23 and 0.78 points, 95% CI 0.48–1.09, respectively). Finally, the greatest gains in overall language ability were associated with SLT that was provided for 11 to 20 weeks (17.27, 95% CI 9.71-24.82), followed by therapy provided for >20 weeks (16.93, 95% CI 8.57-25.29), while therapy provided for <3 weeks was not associated with significant improvement.

A 2016 systematic review, authored by Simmons-Mackie, 191 updated with an additional 25 studies from their previous review in 2010 192 included the results of 56 studies evaluated the effect of education and communication interventions focusing on partner training of individuals with aphasia (mainly stroke and mainly chronic aphasia) and their communication partners.  A variety of types of partner training were studied and included studies involving both partners and individuals with aphasia, and partners alone. In most studies, there was an increase in communication activities and participation between the participant and communication partner. The authors concluded that communication partner training should be conducted to improve partner skills in facilitating the communication of people with chronic aphasia, and additional research is needed to strengthen and expand recommendations related to acute aphasia.

Sex & Gender Considerations

Evidence from two recent systematic reviews and meta-analyses suggest that the risk of aphasia following stroke is higher in women. Li et al. 193 included the results from 36 papers (n= 31,058) and reported the odds of post-stroke aphasia were higher in women (36% vs. 31%, OR= 1.23, 95% CI 1.19 to 1.29). A similar result was found by Wallentin 194 who included the results from 25 studies (29.6% vs. 26.0%, RR= 1.139, 95% CI 1.100 to 1.180).

In a companion study examining the association between SLT outcomes and therapy provision, Brady et al. 195 reported sex-related differences in response to SLT. For women, the greatest gains in functional communication were associated with lower levels of SLT (provided for 4 days/week, <2 hours/week for a total of 14-20 hours), compared with men where higher intensity therapy was associated with higher gains (SLT provided for >5 days/week, 3-4 hours/week for a total of ≥50 hours).

Ressources AVC