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NOUVEAU Prestation de soins de réadaptation post-AVC pour optimiser le rétablissement des capacités fonctionnelles

5. Prévention et prise en charge des chutes


Recommandations et/ou facteurs cliniques
  1. Toutes les personnes ayant subi un AVC doivent faire l’objet d’une évaluation du risque de chute, y compris des antécédents de chute, à leur admission, à tous les points de transition, après une chute et lorsqu’il y a un changement dans leur état de santé, à l’aide d’outils validés [recommandation forte; qualité élevée des données probantes]. 
    1. L’évaluation du risque de chute doit déterminer les facteurs médicaux, physiques, cognitifs, environnementaux et liés aux médicaments qui influent sur le risque de chute, la peur de tomber et les blessures associées à une chute [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]. 
  2. Les personnes considérées comme étant à risque de faire une chute doivent faire l’objet d’une évaluation interdisciplinaire approfondie à l’aide d’outils validés [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
    1. L’évaluation complète du risque de chute doit comprendre les antécédents médicaux et fonctionnels et une évaluation de la mobilité, de la vision, de la perception, des capacités cognitives, de l’état cardiovasculaire, des médicaments et de l’environnement [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]. 
  3. Un plan et des stratégies de prévention des chutes fondés sur les résultats doivent être mis en œuvre [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]. Consulter les sujets pertinents de ce module pour connaître les stratégies visant à atténuer le risque de chute (p. ex. faiblesse des jambes, troubles de l’équilibre, troubles visuels, déficits cognitifs, perte sensorielle).
    1. La personne ayant subi un AVC, sa famille et ses aidantes et aidants doivent être avisés du risque accru de chute de la personne et recevoir des renseignements sur les précautions et les stratégies visant à réduire le risque de chute [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
    2. La personne ayant subi un AVC, sa famille et ses aidantes et aidants doivent recevoir une formation sur la façon d’effectuer un transfert et de mobiliser la personne en toute sécurité, y compris ce qu’il faut faire en cas de chute et comment se relever après une chute [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
    3. Pour les personnes ayant subi un AVC et présentant un risque de chute, un programme d’exercices personnalisé, comprenant un entraînement pour le rétablissement de l’équilibre et des conseils en matière de sécurité, doit être proposé [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
    4. La personne ayant subi un AVC, sa famille et ses aidantes et aidants doivent recevoir de l’information sur les dispositifs d’aide à la mobilité, les chaussures et les bottes, ainsi que les dispositifs de transfert recommandés et appropriés, en tenant compte de l’environnement des soins de santé, de l’environnement à domicile et de l’environnement communautaire [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
  4. Le cas échéant, des dispositifs d’alarme pour lit et pour chaise doivent être fournis aux personnes ayant subi un AVC qui présentent un risque élevé de chute, conformément aux protocoles organisationnels locaux de prévention des chutes [recommandation forte; faible qualité des données probantes]. 
  5. Si une personne ayant subi un AVC chute, il faut évaluer si elle est blessée et déterminer les circonstances entourant la chute afin de cerner les facteurs précipitants. Les plans de prévention des chutes existants doivent être revus et modifiés afin de réduire le risque de chute subséquente [recommandation forte; faible qualité des données probantes].
Justification +-

Les personnes ayant subi un AVC présentent un risque plus élevé de chute que bien d’autres personnes hospitalisées. Le taux d’incidence signalé varie de 14 % à 65 %.152 Les chutes surviennent souvent au cours de la première semaine suivant l’AVC, pendant la phase aiguë, puis de nouveau lorsque la mobilité de la personne ayant subi un AVC augmente. L’équipe interdisciplinaire de soins doit être attentive au risque de chute et veiller à ce que les évaluations et les interventions pertinentes soient effectuées.

Les chutes constituent un problème important pour les personnes ayant subi un AVC, car elles sont souvent dues à des troubles de l’équilibre, de la mobilité et de la force. Le risque de chute est accentué par des facteurs, comme la spasticité et les déficits sensoriels et cognitifs, qui peuvent entraîner un manque de conscience de l’environnement et une mauvaise coordination. Ces chutes peuvent entraîner des blessures graves, comme des fractures ou des traumatismes crâniens, ce qui complique encore davantage les efforts nécessaires au rétablissement et à la réadaptation. La peur de tomber peut être accablante, avoir un impact sur la santé mentale, dissuader les personnes de s’engager dans des activités physiques et les pousser à se replier dans des environnements « sécuritaires », provoquant ainsi une diminution de la mobilité et un isolement social. Les personnes ayant subi un AVC et leur famille ont évoqué les problèmes d’orientation dans de nouveaux environnements, qui peuvent exiger une plus grande concentration pour éviter les chutes, et les obliger à demander et à accepter de l’aide pour des activités qu’elles étaient en mesure d’effectuer de manière autonome et en toute sécurité auparavant. Elles sont encouragées à parler à d’autres personnes de leur peur de tomber et à rechercher du soutien en santé mentale, le cas échéant.

Les personnes ayant subi un AVC ont souligné l’importance de recevoir des renseignements et des stratégies personnalisées, précoces et continues en matière de prévention et de prise en charge des chutes, pour elles-mêmes, leur famille et leurs aidantes et aidants, en fonction de leurs capacités et de leur situation. Elles ont apprécié les informations sur la façon dont les déficiences liées à l’AVC peuvent influer sur le risque de chute, ainsi que les stratégies environnementales visant à réduire le risque de chute, comme le désencombrement de l’environnement à domicile et les dispositifs d’alarme permettant d’assurer leur sécurité à la maison. Elles ont également souligné l’importance d’apprendre à renforcer leur équilibre et à faire attention à leur sécurité, ainsi qu’à réduire les blessures et à se relever après une chute.

En outre, les personnes ayant subi un AVC ont exprimé l’importance des systèmes d’alarme ou des boutons d’urgence pour les chutes posant des risques pour le cou et les poignets, surtout pour les personnes atteintes d’aphasie ou d’apraxie, ainsi que l’importance de recevoir de l’information sur la disponibilité et l’utilisation de ces dispositifs. L’équilibre est un problème fréquent pour les personnes ayant subi un AVC. Il doit être évalué pour chacune d’entre elles, même celles qui ne présentent pas de difficultés évidentes d’équilibre, car elles peuvent être atteintes de déficiences « invisibles » qui augmentent le risque de chute (p. ex. changements visuels ou cognitifs). 

Exigences pour le système +-

Les organismes doivent adopter une stratégie de prévention et de prise en charge des chutes qui comprend les éléments ci-dessous.

  1. Une formation régulière et continue du personnel dans tous les milieux hospitaliers sur l’évaluation du risque et les stratégies de prévention des chutes, y compris sur le transfert et la mobilisation des patients. 
  2. L’utilisation d’un outil d’évaluation en vue d’une reconnaissance précoce du risque de chute.
  3. Des instructions en matière de transferts et de mobilisation des personnes ayant subi un AVC données à tout le personnel par les physiothérapeutes et les ergothérapeutes, et transmises aux personnes ayant subi un AVC et aux familles par du personnel formé.
  4. Des soins prodigués uniquement par des professionnels ayant suivi une formation leur permettant d’interagir avec des personnes qui présentent des troubles de la communication, comme celles atteintes d’aphasie, et d’utiliser des techniques de soutien à la conversation.
  5. La mise en place, dans chaque organisme, d’un processus uniformisé d’évaluation du risque de chute prenant en compte le moment des évaluations du risque de chute, les différents éléments et le besoin en matière de documentation.
  6. Des précautions universelles relatives aux chutes dans tous les milieux offrant des soins à des personnes ayant subi un AVC.
     
Indicateurs de rendement +-

Indicateurs du système

  1. Taux d’incidence de chutes chez les personnes ayant subi un AVC admises à l’hôpital (dans une unité de soins de courte durée ou de réadaptation).
  2. Proportion de programmes liés à l’AVC en place comprenant un programme défini de prévention des chutes.
  3. Disponibilité de renseignements et d’une formation sur la prévention et la prise en charge des chutes pour l’ensemble du personnel. 
  4. Proportion de personnes ayant subi un AVC qui chutent pendant la réadaptation en milieu hospitalier ou dans la communauté.

Indicateurs de processus

  1. Proportion de personnes ayant subi un AVC admises dans une unité de réadaptation en milieu hospitalier dont le risque de chute a été évalué à l’aide d’un outil uniformisé dans les deux jours suivant l’admission à l’hôpital (conformément aux normes d’Agrément Canada).

Indicateurs axés sur la personne

  1. Proportion de personnes ayant subi un AVC qui sont tombées et qui ont subi des blessures dues à leur chute.
  2. Proportion de personnes ayant subi un AVC qui sont tombées et dont la durée du séjour à l’hôpital est prolongée en raison de leur chute.
Ressources pour la mise en œuvre et outils de transfert des connaissances +-

Les ressources et les outils ci-dessous, qui sont externes à Cœur + AVC et aux Recommandations, peuvent être utiles à la mise en œuvre des soins de l’AVC. Cependant, leur présence ne constitue pas une approbation réelle ou implicite par l’équipe des pratiques optimales de soins de l’AVC ni par Cœur + AVC. Nous vous encourageons à examiner ces ressources et ces outils d’un œil critique et à les mettre en œuvre dans votre pratique à votre discrétion.

Renseignements destinés aux prestataires de soins de santé

Ressources destinées aux personnes ayant subi un AVC, à leur famille et à leurs aidantes et aidants 

Résumé des données probantes (en anglais seulement) +-

Evidence Table and Reference List 5

The risk of falling is increased following stroke due to leg weakness, impaired balance, visual disturbances, functional dependence, cognitive impairment and sensory loss. The reported frequency of falls is difficult to estimate, and will vary across the time since stroke, the severity of stroke and associated comorbidities.  Czernuszenko & Czlonkowska 153 reported that during stroke rehabilitation, there were 252 falls that occurred in 189 (16.3%) patients. The incidence rate for any fall was 7.6 per 1,000 patient-days (95% CI 6.6–8.5). Almost two-thirds of falls occurred during the first two weeks after admission. Patients fell most often during transfers (34%), while sitting (21%) and during position changes such as going from a sitting to standing (13%). Most falls did not result in injury (72%), while minor injuries occurred in 27% of cases, with 1.2% resulting in serious injury (fracture). In a systematic review that included 21 studies examining risk factors for falling post stroke, Xu et al. 154 reported the strongest predictors of falling (odds ratio [OR] >2) were reduced balance (OR=3.87, 95% CI 2.39 to 6.26), use of sedative & psychotropic medications (OR=3.19, 955 CI 1.36 to 7.48) disability in self-care (OR=2.30, 95% CI 1.51 to 3.49), and depression (OR=2.11, 95% CI 1.18 to 3.75). Non-significant factors included age, sex, duration of stroke, visual impairment, multiple strokes, motor impairment, and urinary incontinence.

Patients at highest risk of stroke need to be identified as soon as possible so that appropriate preventative measures can be taken. In a systematic review that sought to identify all fall risk assessment tools, regardless of patient population or setting, 38 tools were identified among 115 publications. 155 Two screening tools were developed for use in the hospital setting for patients following stroke: The Stroke Assessment of Fall Risk (SAFR), and The Royal Melbourne Hospital Falls Risk Assessment Tool (RMH FRAT). Breisinger et al. 156 developed the Stroke Assessment of Fall Risk (SAFR) to identify patients at risk of falling during inpatient rehabilitation. SAFR is composed of 4 impairment items (impulsivity, hemi-neglect, static, and dynamic sitting balance) and 3 functional limitations items (lowest score on three Functional Independence Measure items: transfers, problem solving, and memory), with possible scores ranging from 0 (low risk) to 49 (high risk). The area under the curve of the receiver operator curve was 0.73, which was significantly more accurate compared with a locally developed, 3-item, non-stroke specific tool, which could identify the risk of fallers no better than chance. Nystrom & Hellstrom 157 reported that higher scores on the Prediction of Falls in Rehabilitation Settings Tool (Predict FIRST), assessed during the first and fourth day of admission to an acute stroke unit helped to predict falls that occurred during the next 6 weeks (OR=5.21, 95% CI 1.10 to 24.78, p=0.038). Predict FIRST is composed of 5 fall risk factors, each giving one point: male, central nervous system medications, a fall in the past year, frequent toileting, and inability to do tandem stance. The scale is cumulative (i.e. more risk factors give a higher risk of falling). Patients with a score of zero have a 2% chance of falling, while those with all 5 points have a 52% risk of falling during the inpatient rehabilitation period. Pinto et al. 158 reported that longer time to complete the Timed Up and Go (TUG) test was predictive of falls among persons living in the community following a median of 13 months post stroke (OR=1.035, 95% CI 1.196 to 5.740, p=0.016). Fallers (n=56) took a median time of 18 seconds to complete the test compared with non-fallers (n=94) at 14 seconds.

There have been very few RCTs conducted evaluating therapies to specifically designed to reduce the occurrence of falls following stroke, and of those, the evidence suggests that such interventions are not effective. Mansfield et al. 159 found that an individualized perturbation balance training (PBT) program delivered for 6 weeks to 83 participants recruited from the community in the chronic stage of stroke did not reduce the rate of falls during 12 months (1.45 falls/ person-year in the PBT group vs. 1.72 falls/person-year in the control group; rate ratio=0.85, 95% CI 0.42 to 1.69), although participants in the PBT group had greater improvement in reactive balance. Dean et al. 160 randomized 151 community- based stroke patients to an intervention group that received exercise and task related training or control group that performed an upper-extremity strength training program and cognitive tasks. At 12-month follow up, although patients in the experimental group showed significantly improvement in gait speed, there was no significant difference between groups in the number of patients who fell. Batchelor et al. 161 randomized 156 patients at high risk of falls into a tailored multifaceted falls prevention group or the control group which consisted of usual care. The falls prevention program consisted of an individualized home-based exercise program, falls risk strategies, education, and injury risk minimization strategies. There was no difference in the frequency of falls between groups. The intervention group had 1.89 falls/person-year, and the control group had 1.76 falls/person-year, incidence rate ratio=1.10, p=0.74). The proportion of fallers did not differ significantly between groups (risk ratio=0.83, 95% CI, 0.6-1.14), nor was the risk of injury (incidence rate ratio=1.57, p=0.25). 

A Cochrane review 162 included 14 RCTs (n=1,358) examining the effectiveness of interventions for preventing falls post stroke. In most trials, an “exercise” intervention was examined. Under this broad umbrella term, interventions included a combination of treadmill +/- overground walking, task-related training with progressive balance and strengthening exercises, community physiotherapy, whole-body vibration, agility training with stretching and weight-shifting exercises, perturbation training and Tai Chi. In some of these trials, falling was a secondary outcome. Other interventions included non-invasive brain stimulation, predischarge home visits, distance glasses, and a servo-assistive rollator. Combined exercise interventions were associated with a significantly reduced risk of falling (relative risk [RR]=0.72, 95% CI 0.54 to 0.94; 765 participants), although the certainty of evidence was low, while exercise was not associated with a significantly reduced risk of falling (RR=1.03, 95% CI 0.90 to 1.19; 10 trials, 969 participants). In a more recent systematic review, Yang et al. 163 reported that overall, falls prevention interventions were not associated with a significant reduction in falls (OR=0.88, 95% CI 0.64 to 1.21, n=15 interventions). In subgroups analysis, no category of intervention was associated with a reduction in falls (walking-based training, physical therapy-based interventions, or exercise-based interventions).

Sex & Gender Considerations

Women are often at a higher risk of falling after a stroke due to factors such as osteoporosis, frailty and an older age at stroke onset, which can contribute to balance issues and reduced motivation to engage in rehabilitation. Women may also be more likely to experience muscle weakness or joint stiffness, especially in the lower extremities, which can impair mobility and increase the risk of falls. Men often have higher risk of physical impairments related to stroke which can also elevate their risk of falling; however, they may be less likely to acknowledge these difficulties or seek out help, due to societal expectations around masculinity and independence, which can result in delayed intervention and increased fall risk. 

Currently, there is a lack of specific research examining sex differences associated with falls prevention interventions following a stroke. While some studies have explored sex differences for broader stroke outcomes, such as long-term mortality and functional recovery, these do not specifically address falls prevention. The Cochrane review that evaluated various interventions aimed at preventing falls following stroke did not include sex in subgroup analysis.162

Ressources AVC