Section précédente 9. Douleur centralisée
NOUVEAU Prestation de soins de réadaptation post-AVC pour optimiser le rétablissement des capacités fonctionnelles

10. Fonctions vésicale et intestinale


Recommandations et/ou facteurs cliniques
10.1 Fonction vésicale

10.1.1 Dépistage des troubles de la fonction vésicale

  1. Les personnes ayant subi un AVC doivent faire l’objet d’un dépistage de l’incontinence et de la rétention urinaires [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].

10.1.2 Évaluation des troubles de la fonction vésicale

  1. Les personnes ayant subi un AVC et présentant une incontinence urinaire persistante doivent faire l’objet d’une évaluation par du personnel ayant reçu la formation appropriée en vue d’en déterminer la cause sous-jacente et de préparer un plan de prise en charge personnalisé [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
  2. Le recours à une échographie vésicale doit être envisagé comme méthode la moins invasive à privilégier pour évaluer la quantité de résidu post-mictionnel [recommandation forte; faible qualité des données probantes]. 

Considérations cliniques de la section 10.1 

  1. Une évaluation structurée de l’incontinence urinaire peut comprendre les éléments suivants :
    1. Antécédents cliniques, y compris l’emplacement de l’AVC; antécédents médicaux de toute incontinence antérieure ou de symptômes urinaires et traitements associés antérieurs; antécédents de chirurgies gynécologiques ou urologiques; antécédents d’accouchement par voie vaginale; habitudes et horaire de miction avant l’AVC; utilisation récente d’une sonde à demeure; incontinence et symptômes urinaires actuels; apports liquidiens quotidiens.
    2. Examen physique, y compris une évaluation de l’état cognitif, de l’abdomen, du bassin et du sacrum.
    3. Revue des médicaments afin de détecter toute contribution potentielle aux symptômes urinaires de la personne.
    4. Utilisation d’un calendrier des mictions, comprenant des détails comme la fréquence des mictions, l’urgence mictionnelle, l’heure de la miction ou de l’incontinence, les difficultés rencontrées pour commencer à uriner et les volumes (mictionnels ou à l’aide d’une sonde).
    5. Volumes de résidu post-mictionnel, mesurés à l’aide d’un échographe portatif, pour exclure une miction incomplète ou une rétention urinaire.
    6. Analyse et culture d’urine, et test de sensibilité en cas d’infection urinaire présumée.
    7. En cas de rétention urinaire, la présence d’une constipation ou d’un fécalome concomitant doit être évaluée et traitée de manière appropriée.
    8. Orientation vers un urologue ou études urodynamiques dans certains cas, pour mieux guider la prise de décisions en matière de traitement.
  2. Chez les personnes qui ont subi un AVC et qui sont atteintes d’incontinence, une évaluation doit être effectuée pour déterminer si des facteurs environnementaux et fonctionnels (p. ex. mobilité limitée, communication limitée) sont susceptibles de contribuer à l’incontinence urinaire.

10.1.3 Prise en charge des troubles de la fonction vésicale

  1. L’utilisation systématique d’une sonde urinaire à demeure chez les personnes ayant subi un AVC n’est pas recommandée en raison du risque d’effets indésirables, comme des infections urinaires [recommandation forte; qualité élevée des données probantes]. 
    1. L’utilisation d’une sonde urinaire à demeure, le cas échéant, doit faire l’objet d’une évaluation quotidienne. La sonde doit être enlevée dès que possible [recommandation forte; qualité élevée des données probantes]. 
    2. Il faut adopter des stratégies de soins périnéaux et de prévention des infections afin de réduire le plus possible le risque d’infection [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]. 
  2. Les interventions comportementales, comme les mictions programmées ou un programme de miction systématique, peuvent être envisagées pour réduire le nombre d’épisodes d’incontinence urinaire et améliorer la qualité de vie [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]. 
  3. L’entraînement des muscles du plancher pelvien peut être utilisé pour améliorer la fréquence des mictions et les symptômes urinaires (y compris l’incontinence) [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]. 
  4. Les médicaments, comme les anticholinergiques ou les agonistes adrénergiques, doivent être envisagés pour l’incontinence à l’effort ou l’urgence mictionnelle, afin d’améliorer la fréquence des mictions et l’urgence mictionnelle, et de diminuer les épisodes d’incontinence [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].
  5. La neurostimulation électrique transcutanée peut être envisagée pour réduire l’incontinence urinaire après un AVC [recommandation forte; qualité élevée des données probantes].
 
10.2 Fonction intestinale

10.2.1 Dépistage des troubles de la fonction intestinale

  1. Les personnes ayant subi un AVC doivent faire l’objet d’un dépistage de l’incontinence fécale et de la constipation [recommandation forte; qualité modérée des données probantes].

10.2.2 Évaluation des troubles de la fonction intestinale

  1. Les personnes ayant subi un AVC et présentant une constipation ou une incontinence fécale persistante (pendant plus de deux semaines) doivent faire l’objet d’une évaluation par du personnel ayant reçu la formation appropriée en vue d’en déterminer la cause sous-jacente et de préparer un plan de prise en charge personnalisé [recommandation forte; qualité modérée des données probantes]

10.2.3 Prise en charge des troubles de la fonction intestinale

  1. Un programme éducatif et comportemental peut être envisagé pour réduire la constipation ou augmenter la fréquence des selles chez les personnes ayant subi un AVC [recommandation forte; faible qualité des données probantes]. 

Considérations cliniques de la section 10.2.3

  1. De meilleurs choix alimentaires, l’utilisation judicieuse de traitements pharmaceutiques (p. ex. suppositoires, émollient fécal), un massage abdominal et une irrigation transanale peuvent être envisagés dans le cadre d’un programme de gestion intestinale. 
  2. Il convient d’instaurer une routine intestinale, notamment en s’asseyant sur la toilette à la même heure tous les jours, en gardant le dos droit et en ayant les pieds surélevés, pendant au moins 10 à 15 minutes chaque fois, afin d’aider à l’évacuation des selles.
Autres considérations cliniques de la section 10
  1. Le dépistage de l’incontinence urinaire et fécale peut également avoir lieu à différents stades du continuum de soins de l’AVC, en particulier aux points de transition ou en cas de changement de l’état de santé.
  2. L’utilisation d’appareils fonctionnels, de vêtements adaptés et de dispositifs d’assistance à la communication améliorés peut être envisagée pour prévenir l’incontinence urinaire et fécale et apporter un soutien aux personnes qui en sont atteintes.
Justification +-

L’incontinence fécale et l’incontinence urinaire sont toutes deux des complications courantes observées après un AVC, qui nuisent au fonctionnement quotidien d’une personne et qui sont susceptibles de causer une anxiété personnelle et de réduire la qualité de vie. Ces problèmes sont dus à des lésions neurologiques qui perturbent le contrôle des muscles de la vessie et de l’intestin. L’incontinence peut entraîner une gêne sociale, un isolement et une diminution de l’estime de soi, ce qui peut entraver les efforts de rétablissement et de réadaptation. En outre, la peur de l’incontinence peut empêcher les personnes de participer à des activités physiques ou à des événements sociaux. Les stratégies de prise en charge efficaces comprennent la rééducation vésicale, la modification de l’alimentation et les médicaments. Les personnes ayant subi un AVC apprécient une approche des soins centrée sur la personne, y compris des stratégies d’éducation et de prise en charge visant à améliorer les fonctions vésicale et intestinale après un AVC.

Exigences pour le système +-

Pour une évaluation et une prise en charge appropriées et en temps opportun des fonctions vésicale et intestinale, les organismes doivent optimiser les éléments suivants du système :

  1. Les processus de dépistage uniformisés des troubles de la fonction vésicale et de la fonction intestinale, et l’évaluation et la prise en charge subséquentes, s’il y a lieu.
  2. L’accès à des prestataires de soins ayant l’expérience appropriée dans le domaine de l’AVC et de la prise en charge des fonctions intestinale et vésicale.
  3. La mise en place de processus qui permettent d’évaluer, de surveiller et de documenter l’utilisation de sondes urinaires à demeure.
Indicateurs de rendement +-

Indicateurs du système

  1. Disponibilité de prestataires de soins de santé ayant l’expertise appropriée dans le domaine de la prise en charge des fonctions intestinale et vésicale dans le cadre de tous les programmes de réadaptation post-AVC.
  2. Disponibilité de renseignements et de ressources en milieu hospitalier et communautaire pour les personnes présentant des troubles des fonctions vésicale et intestinale après un AVC.

Indicateurs de processus

  1. Proportion de personnes admises à l’hôpital avec un diagnostic d’AVC en phase aiguë qui font l’objet d’une évaluation de la fonction vésicale pendant leur séjour à l’hôpital.

Indicateurs axés sur la personne

  1. Proportion de personnes admises à l’hôpital avec un diagnostic d’AVC en phase aiguë qui présentent des troubles de la fonction intestinale et de la fonction vésicale pendant leur séjour à l’hôpital.
  2. Proportion de personnes ayant subi un AVC qui présentent une infection urinaire en raison de la pose d’une sonde à demeure pendant leur séjour à l’hôpital.
  3. Évaluation de la qualité de vie à 30 et 90 jours, à l’aide d’un outil validé, chez les personnes qui présentent des complications à l’admission aux soins de courte durée après un AVC en phase aiguë.
Ressources pour la mise en œuvre et outils de transfert des connaissances +-

Les ressources et les outils ci-dessous, qui sont externes à Cœur + AVC et aux Recommandations, peuvent être utiles à la mise en œuvre des soins de l’AVC. Cependant, leur présence ne constitue pas une approbation réelle ou implicite par l’équipe des pratiques optimales de soins de l’AVC ni par Cœur + AVC. Nous vous encourageons à examiner ces ressources et ces outils d’un œil critique et à les mettre en œuvre dans votre pratique à votre discrétion.

Renseignements destinés aux prestataires de soins de santé

Ressources destinées aux personnes ayant subi un AVC, à leur famille et à leurs aidantes et aidants 

Résumé des données probantes (en anglais seulement) +-

Evidence Table and Reference List 10

Urinary Incontinence

Several strategies and interventions have been examined for the management of bladder incontinence post stroke. A Cochrane review 221 included the results of 20 RCTs including 1,338 individuals at varying stages of recovery. Interventions examined included behavioral interventions (pelvic floor muscle training, and timed voiding), specialized professional nurse input, complementary medicine (acupuncture, electroacupuncture and moxibustion), and physical therapy (transcutaneous posterior tibial nerve stimulation [TPTNS], transcutaneous electrical nerve stimulation [TENS] and sensory-motor biofeedback). Compared with usual care or no intervention, based on the results from a single trial, behavioral interventions did not significantly reduce the number of incontinence episodes per 24-hour period (0.2 vs. 1.2; MD= -1.00, 95% CI -2.74 to 0.74), nor were they associated with improvements in quality-of-life (SMD= -0.99, 95% CI -2.83 to 0.86). In contrast, complimentary medicine increased the likelihood of achieving continence after treatment (RR=2.82, 95% CI 1.57 to 5.07) and TENS reduced the number of incontinent episodes in 24 hours (MD= -4.76, 95% CI -8.10 to -1.41). In two systematic reviews examining the benefit of single interventions, Özden et al. 222 reported that pelvic floor muscle training was not associated with significantly better performance on the 3-day voiding diary (total) at 12 weeks (SMD=0.30, 95% CI −0.23 to 0.95), but was associated with significant improvement in daytime urination frequency and urinary incontinence, in pad tests. Cruz et al. 223 included 10 RCTS examining TENS and found that treatment was associated with significantly greater improvements in urinary incontinence measures (SMD=-1.99, 95% CI -3.48 to -0.49).

The effectiveness of bladder-training programs, which typically include timed/prompted voiding, bathroom training, pelvic floor exercises, and/or drug therapy, has been evaluated in a small number of studies. Thomas et al. 224 conducted a cluster feasibility trial, Identifying Continence Options after Stroke (ICONS). Compared with usual care, the systematic voiding program was not associated with significantly increased odds of being continent at 6 or 12 weeks. In the largest RCT ever planned on the topic of post-stroke urinary incontinence, ICONS II, Watkins et al. 225 planned to randomize 1,024 patients, recruited from 10 stroke units in the UK, to participate in a systematic voiding programme group in which patients received an assessment, and behavioural interventions (bladder training or prompted voiding) or to receive usual care. Unfortunately, due to Covid-19, only 157 patients were recruited, and the trial was halted early. Tibaek et al. 226 randomized 31 men with lower urinary tract symptoms, one month following stroke, to a pelvic floor muscle training (PFMT) group, who received 12 weekly, 60 minutes sessions + at home exercise program or to a usual care group. There were no significant differences between groups on the primary outcomes (Danish Prostatic Symptom Score and voiding frequency). In an earlier trial Tibaek et al. 227 which also examined PFMT in 24 women with stress/urge urinary incontinence, the authors reported a significant decrease in voiding frequency in the intervention group, but not the control group.

Pharmacological agents can also be used for the management of urinary incontinence, although there are few trials evaluating their use following stroke. There is a larger evidence base for their use in multiple sclerosis, spinal cord injury and Parkinson’s Disease. The use of anticholinergic medications was evaluated in a recent Cochrane review 228 which included 104 RCTs (n=47,106), mainly men with a symptomatic diagnosis of overactive bladder syndrome, detrusor overactivity, or both. Participants were randomized to receive darifenacin, fesoterodine, imidafenacin, oxybutynin, propiverine, solifenacin, or tolterodine or placebo. Anticholinergic drugs were associated with significantly greater improvements in condition-specific quality of life, and patient perception of cure or improvement, with a significant reduction in the mean number of urgency episodes per 24 hours. However, the risk of adverse events was significantly higher in the active interventions group (RR=3.50, 95% CI 3.26 to 3.75).

Fecal Incontinence

Management strategies for fecal incontinence have not been well studied in the stroke population. In the only RCT on the topic, Harari et al. 229 randomized 146 stroke patients with constipation or fecal incontinence (an average of two years post stroke) to an intervention or control group. The intervention consisted of a one-time nursing assessment (history and rectal examination), followed by patient/carer education (booklet) and provision of diagnostic summary and treatment recommendations, which was sent to the patient's general practitioner. Persons in the intervention group had an average of 5 episodes of fecal incontinence episodes at one and 6 months, compared with 12 and 6 episodes, respectively among persons in the control group. In a recent Cochrane review, Todd et al. 230 examined the use of a variety of conservative therapies and physical therapies in 1,598 participants with central neurological disease or injury, reported in 25 RCTs. Very few pooled analyses were conducted due to limited data availability. The authors concluded that some non-drug treatments, such as probiotics and abdominal massage, may improve self-reported symptoms of constipation, while others, such as holistic nursing assessment, may improve self-reported symptoms of fecal incontinence. The evidence supporting the use of probiotics and nursing assessment, is uncertain.

Sex & Gender Considerations

The incidence of urinary incontinence (UI) post stroke can vary widely from 28% to 79% and appears to be similar men and women. 231 Risk factors are also similar between the sexes and include age >70 years, intracranial hemorrhage, pre-stroke disability and stroke severity. 232 The incidence of post-stroke fecal incontinence is much lower than UI. Lucente et al. 233 reported that 6.4% of 359 patients with acute stroke had fecal incontinence within the first 72 hours of stroke onset, decreasing to 1.9% at 90 days. In the same study, increased stroke severity and hemorrhagic stroke were independent risk factors for fecal incontinence in the acute stage of stroke, while female sex, was not (OR=2.31, 95% CI 0.88–6.08).

Ressources AVC