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La réadaptation et le rétablissement après un AVC

10. Réadaptation en vue d’améliorer la capacité à parler et à communiquer

6ème édition - 2019 MISE À JOUR


Recommandations
  1. Tous les fournisseurs de soins de santé qui travaillent avec des personnes ayant subi un AVC dans le continuum des soins devraient recevoir une formation sur l’aphasie et d’autres troubles de la communication. Cette formation doit traiter notamment des conséquences de l’aphasie et des méthodes de soutien à la communication, comme l’outil de conversation assistée Supported Conversation for Adults With Aphasia (SCAMC) [niveau de preuve C].

    Remarque : D’autres troubles de communications possibles sont la dysarthrie, l’apraxie verbale et d’autres troubles cognitifs de la communication.

  2. Tous les patients ayant subi un AVC devraient faire l’objet d’un dépistage des troubles de la communication, effectué idéalement par un orthophoniste au moyen d’un outil de dépistage valide [niveau de preuve C].
    1. Si l’évaluation ne peut être effectuée par un orthophoniste, un autre professionnel ayant reçu la formation appropriée doit s’en charger [niveau de preuve C]. Voir l’annexe 2, au tableau 4 : Outils de dépistage et d’évaluation recommandés pour l’aphasie.
  3. Le patient qui présente des troubles de communication présumés devrait être dirigé vers un orthophoniste pour une évaluation des aptitudes à la compréhension, à la production verbale, à la lecture, à l’écriture, à la parole et à la communication cognitive au moyen de méthodes validées et fiables [niveau de preuve C]. Voir l’annexe 2, au tableau 4 : Outils de dépistage et d’évaluation recommandés pour l’aphasie.
  4. Le patient aphasique devrait pouvoir avoir rapidement accès à des traitements intensifs d’orthophonie combinés avec des thérapies par la communication en fonction de ses besoins et objectifs et de la gravité du déficit [niveau de preuve B].
  5. Les traitements en vue d’améliorer la communication fonctionnelle peuvent comprendre des traitements d’orthophonie ciblant:
    1. la production ou la compréhension de mots, de phrases et de discours (y compris la lecture et l’écriture) [niveau de preuve C];
    2. le traitement par la conversation [niveau de preuve C];
    3. la thérapie d’orthophonie par contrainte induite [niveau de preuve B];
    4. l’utilisation de stratégies non verbales, d’appareils fonctionnels et de technologies (p. ex., tablette électronique et autres traitements assistés par ordinateur) pour améliorer la capacité de communication [niveau de preuve C];
    5. l’utilisation de programmes assistés par ordinateur pour rehausser les résultats des traitements [niveau de preuve C].
  6. Les patients appropriés devraient être évalués afin de déterminer s’ils pourraient tirer profit de l’utilisation de communication alternative augmentative (p. ex., tablette ou autres appareils électroniques, tableau alphabétique) ou d’autres outils de soutien à la communication [niveau de preuve C].
  7. L’utilisation des techniques de soutien à la conversation devrait être envisagée pour améliorer les communications fonctionnelles du patient avec aphasie et de ses partenaires de communication [niveau de preuve A].
  8. Le traitement de l’aphasie peut comprendre un traitement et des conversations en groupe. Il peut s’agir d’un complément utile pendant l’hospitalisation du patient ou après sa sortie dans le cadre de la poursuite de ses traitements [niveau de preuve B].
  9. Toute la documentation destinée au patient devrait être dans un format convivial pour une personne atteinte d’aphasie [niveau de preuve C].
  10. Pendant le processus qui commence par le dépistage initial et s’étend tout au long des interventions orthophoniques, les membres de la famille du patient aphasique devraient être impliqués. Ils devraient notamment recevoir des renseignements en matière de soutien à la communication [niveau de preuve C]. Pour de plus amples renseignements sur l’aphasie et la dépression, se reporter à la section 1 du chapitre sur l’humeur, la cognition et la fatigue après un AVC des Recommandations.
  11. L’incidence de l’aphasie sur les activités fonctionnelles, la participation et la qualité de vie, notamment l’incidence sur les relations, la carrière et les loisirs, doit être évaluée et prise en charge dans l’ensemble du continuum de soins [niveau de preuve C]. Pour de plus amples renseignements, se reporter à la recommandation 4 du chapitre sur les transitions et la participation communautaire après un AVC des Recommandations.

 

Justification +-

L’aphasie est définie comme la perte de la capacité à communiquer oralement, par signes ou par écrit, ou l’incapacité de comprendre ces communications. Il s’agit de l’une des conséquences les plus courantes de l’AVC en phase aiguë et chronique. On estime qu’entre 21 et 38 % des personnes ayant subi un AVC souffrent d’aphasie. L’aphasie a été associée à une diminution générale de la réponse aux interventions de réadaptation après un AVC et à un risque accru de mortalité. La prise en charge intensive de l’aphasie aide à améliorer à la fois le langage et le rétablissement général.

Les personnes ayant subi un AVC ont souligné l’importance et la nécessité de la réadaptation pour améliorer la communication et le langage. L’aphasie et l’apraxie représentent d’importants défis tant pour la personne ayant subi un AVC que pour son aidant. Des patients ont exprimé que ces difficultés peuvent avoir une incidence profonde sur leur estime personnelle et leurs relations. L’accès à un traitement personnalisé, à des spécialistes et à des applications mobiles qui aident à améliorer les capacités de communication et le langage, et ce, sans contraintes financières et géographiques, a été reconnu comme un élément important du rétablissement. De plus, les personnes ayant subi un AVC insistent sur la nécessité de prendre en charge la communication et le langage tôt après un AVC afin d’améliorer leur capacité de communiquer avec les membres de l’équipe de soins de santé et d’optimiser leur rétablissement.

Exigences pour le système +-

Les patients qui présentent des déficits en matière de communication, leurs familles et leurs aidants doivent avoir accès à des programmes d’orthophonie post-AVC en milieu hospitalier et communautaire.

  • Des programmes et des services devraient être mis en place dans tous les organismes et toutes les collectivités afin d’offrir des services de soutien faciles d’accès et appropriés aux patients ayant subi un AVC qui éprouvent des difficultés de communication, y compris l’accès à un orthophoniste.
  • La télémédecine doit être sérieusement envisagée et activement utilisée, particulièrement dans les régions où il y a peu d’orthophonistes, afin de garantir un accès équitable à des occasions de réadaptation aux patients atteints d’aphasie après avoir subi un AVC.
  • Des programmes et des groupes de soutien par les pairs devraient être élaborés et les renseignements sur ces derniers devraient être facilement accessibles aux patients en soins de courte durée et en milieu de réadaptation.
Indicateurs de rendement +-
  1. Pourcentage des patients ayant fait l’objet d’un dépistage de l’aphasie à l’admission aux soins de courte durée et à l’examen initial en milieu de réadaptation.
  2. Pourcentage des patients atteints d’aphasie qui font l’objet d’une évaluation approfondie par un orthophoniste avant leur sortie des soins de courte durée.
  3. Délai médian entre la sortie de l’hôpital et l’amorce de traitements de l’aphasie en milieu communautaire.
  4. Nombre de membres du personnel dans chaque établissement de réadaptation ayant reçu une formation sur les techniques de soutien à la communication.
  5. Pourcentage du temps que chaque patient ayant subi un AVC et présentant des problèmes de communication passe en thérapie avec le spécialiste en communication (un orthophoniste, ou un autre professionnel ayant reçu une formation appropriée s’il est impossible d’avoir accès aux services d’un orthophoniste).
Ressources pour la mise en œuvre et outils d’application des connaissances +-
Sommaire des données probantes +-

Lien vers les tableaux de données probantes et la liste des références (en Anglais)

Aphasia, an acquired communication disorder that impairs the ability to process language, speak and understand others, affects 21% to 38% of stroke survivors (Lazar et al. 2017). Aphasia is associated with increased length of hospital stay, inpatient complications, overall neurological disability, mortality and discharge disposition (Lazar et al. 2017). Due to its impact on communication skills, recovery and reintegration to the community, aphasia therapy is an important component of both acute and post-acute rehabilitation. A Cochrane review (Brady et al. 2016) included 57 randomized controlled trials (RCTs) comparing speech- language therapy (SLT) for aphasia after stroke with no SLT, social support or stimulation, or another SLT. In total, 74 randomized comparisons, consisting of over 3,000 participants were included in the review. Speech language therapy was associated with a significant improvement in functional communication (standardized mean difference (SMD) 0.28; 95% confidence internal (CI) 0.06 to 0.49, p = 0.01), compared with no SLT, along with significant improvements in reading comprehension (SMD: 0.29; 95% CI: 0.03 to 0.55), general expressive language (SMD: 1.28; 95% CI: 0.38 to 2.19) and written expressive language (SMD: 0.41; 95% CI: 0.14 to 0.67) after SLT. The positive effects were no longer evident at 6 months. No significant differences in outcomes were found between SLT and group therapy, computer-assisted therapy, and cognitive-linguistic and communicative treatments; (Brady et al. 2016) while results were inconsistent for constraint-induced therapy (Brady et al. 2016, Zhang et al. 2017). A recent systematic review examining the use of training communication partners or significant others found that while there was an increase in communication activities and participation between the participant and communication partner, there was insufficient evidence of its effect on language impairment, psychological adjustment and quality of life. (Simmons-Mackie et al. 2016). The impact SLT has on communication outcome appears to be mediated by the intensity and duration of the therapy. A systematic review authored by Bhogal et al. (2003) found that studies that demonstrated significantly improved outcomes following SLT provided on average 8.8 hours of therapy per week for 11.2 weeks; totalling an average of 98.4 hours of therapy. In contrast, there was no effect of SLT treatment in studies that provided only an average of 2 hours of therapy over 22.9 week; totalling an average of 43.6 hours of therapy. Similarly, Brady et al. (2016) noted that functional communication, and severity of impairment, significantly improved after high-intensity, long duration therapy compared to low-intensity, short duration therapy.

 

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